L'écologie est-elle toujours punitive ? La vertu environnementale a-t-elle toujours des conséquences négatives pour le consommateur, est-elle obligatoirement inflationniste ? Non, évidemment, et je vais vous le démontrer. L'impact de l'écologie sur l'économie dépend des mesures concrètes qui sont prises : le législateur a donc toute latitude pour concilier, d'une part, la vertu environnementale, d'autre part le pouvoir d'achat et la compétitivité des entreprises, en particulier dans le secteur de l'industrie, le plus soumis à une concurrence déloyale.
C'est le chemin que nous traçons lorsque nous votons des textes portant sur l'accélération de la production d'énergies nucléaire ou renouvelables : la simplification d'aujourd'hui entraînera demain une réduction des coûts de production et une énergie moins chère. Au contraire, des mesures strictes, impliquant une augmentation des coûts pour les entreprises et les consommateurs, pourraient déboucher sur une hausse de l'inflation et par conséquent une baisse du pouvoir d'achat, raison pour laquelle il convient de les proscrire. Nous devons cependant noter que les mesures écologiques ne sont pas nécessairement coûteuses et peuvent même permettre de réaliser des économies à long terme : les technologies moins énergivores, par exemple, sont plus propres et réduisent la facture des ménages. Qui, dans cet hémicycle, s'aviserait de regretter que les normes environnementales aient conduit à la production de voitures qui consomment moins de carburant – environ 6 litres aux 100 kilomètres pour une Renault Megane, contre 9 litres, il y a trente ans, pour une Renault 19 ? Ici, les normes font gagner du pouvoir d'achat !
Il convient également de favoriser les politiques écologiques qui ne se contentent pas de sanctionner les comportements nuisibles, mais encouragent les comportements vertueux. De manière générale, notre philosophie nous commande d'appliquer une écologie d'accompagnement qui ne laisserait pas les classes moyennes sur le bord de la route, une écologie inclusive, en somme. Entre autres incitations fiscales, la prime à la conversion des véhicules, qui peut atteindre 5 000 euros et dont 280 000 ménages ont bénéficié en 2021, incite les propriétaires de voitures thermiques à les remplacer par des modèles électriques. MaPrimeRénov' constitue un dispositif par l'intermédiaire duquel l'Agence nationale de l'habitat (Anah) indique avoir contribué l'an dernier à la rénovation énergétique de 720 000 logements. Dans ce dernier cas, 3,4 milliards d'euros d'argent public ont généré 9,9 milliards de travaux permettant d'économiser chaque année 5,2 térawatts ; depuis 2020, 1,4 million d'habitations ont été rénovées grâce à ce cercle vertueux où les aides publiques entraînent la mobilisation des fonds privés.
Autres exemples – car on ne pourrait citer toutes les mesures en cause : les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz, auxquels sont éligibles plus de 4 millions de ménages modestes ; les boucliers tarifaires concernant l'énergie ou le carburant ; les écochèques distribués par les entreprises et dont ont bénéficié 4 millions de salariés en 2021. Encore une fois, comme le prouvent ces dispositifs, il est possible de conduire une politique écologique qui, loin de pénaliser les consommateurs, leur fasse réaliser des économies. Certes, la vertu environnementale peut également avoir un prix, mais qui déplorerait l'interdiction en 2016 des sacs plastiques distribués gratuitement dans les magasins ? Ils ont été remplacés par des sacs réutilisables facturés 1 euro – un coût de 2 euros par an pour une personne qui le renouvellerait une fois : autant dire que les conséquences de cette mesure sur le pouvoir d'achat restent très limitées, tandis qu'elle a permis de réduire significativement la pollution plastique et d'encourager les comportements écoresponsables.
La greenflation – l'inflation résultant de la transition écologique – peut devenir notre alliée en vue d'assurer la réussite de cette même transition, pourvu que nous arrivions à créer de la croissance et de l'emploi grâce aux activités liées à celle-ci. La révolution industrielle a fait émerger de nouveaux métiers, de nouvelles richesses pour la société : une révolution verte aboutira au même résultat, à condition d'investir à bon escient. Si le respect de nos objectifs climatiques ne doit pas nous faire délaisser la cause du pouvoir d'achat des Français, la croissance verte trace à chacun un chemin d'espoir.