J'appelle votre attention sur les difficultés à pourvoir les postes d'infirmier, par exemple dans mon département du Lot-et-Garonne. Actuellement, le manque d'infirmiers bride fortement l'activité des établissements hospitaliers. Les formations d'infirmier sont intégrées à Parcoursup et le nombre de places ouvertes en première année a connu une augmentation de 15 % entre 2020 et 2022. Ces mesures permettent, d'une part, de stimuler les inscriptions des étudiants et, d'autre part, de favoriser l'égalité des chances, dans la mesure où l'ancien concours pouvait représenter un coût financier important pour les candidats et pour leur famille.
Toutefois, deux freins empêchent toujours de mettre fin aux pénuries d'infirmiers dans les zones rurales.
Le premier concerne le lieu de formation – je rejoins en cela la question posée par mon collègue François Jolivet : dès lors qu'il n'est pas possible de postuler directement dans un institut, plusieurs Lot-et-Garonnais ont été affectés dans d'autres départements, malgré leur souhait d'étudier à Agen. À l'inverse, l'examen de la composition de la promotion de l'institut d'Agen, situé à équidistance de Bordeaux et de Toulouse, met en évidence un taux élevé d'étudiants originaires d'autres départements. Comme il est fréquent que les jeunes issus de métropoles ou de départements voisins retournent dans leur bassin de vie d'origine, le fonctionnement de Parcoursup affecte fortement l'offre de soins des territoires ruraux. Plusieurs propositions peuvent être avancées pour pallier ce phénomène, comme l'ajout d'une composante géographique à la procédure d'admission, en particulier dans les territoires identifiés comme sous-denses.
Le deuxième frein réside dans le nombre d'abandons en cours de formation, phénomène dont vous avez souligné le caractère multifactoriel. Au cours de leur cursus, près de 20 % des étudiants infirmiers choisissent de se réorienter. Cette situation met en évidence l'inadaptation de la sélection par l'algorithme, qui privilégie des profils souvent insuffisamment motivés ou non préparés aux réalités de la formation et du métier. L'entretien de motivation préalable qui existait par le passé pourrait-il être rétabli ? De telles solutions peuvent-elles être envisagées pour faciliter le maintien en zone rurale des jeunes qui souhaitent devenir infirmiers ?