Je vais être très directe, madame la ministre : notre groupe ne regrette absolument pas APB. Il n'empêche que nous sommes toujours très opposés à Parcoursup, non parce que nous sommes nostalgiques du tirage au sort, mais bien parce que le nouveau système soutient selon nous une logique de sélection généralisée, qui a été encore renforcée depuis que cette plateforme de sélection a été couplée avec la réforme du bac. Un tel dispositif ne peut qu'aggraver les inégalités, a fortiori dans un contexte où vous refusez d'ouvrir des places en nombre suffisant à l'université ou dans l'enseignement supérieur public. Par conséquent, nous continuerons à œuvrer pour la suppression de Parcoursup – et, en attendant, nous cherchons à limiter ses effets pervers.
J'insisterai ici sur l'une de nos propositions : l'anonymisation des lycées d'origine. La Cour des comptes, la Défenseure des droits et la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) ont toutes recommandé l'anonymisation dans le processus de sélection, et je sais d'ailleurs que des discussions à ce sujet ont eu lieu au ministère. Dans son enquête, la Cour des comptes avait révélé que 20 % des formations font du lycée d'origine un critère de sélection ; quand le problème a été soulevé, ce sont les responsables des formations les plus sélectives qui se sont opposés à l'anonymisation en demandant qu'on leur fasse confiance, affirmant qu'ils étaient attentifs à favoriser la mixité. Mais franchement, nous devrions nous méfier d'eux en la matière, d'autant que rien ne prouve qu'ils agissent vraiment en ce sens.
J'ajoute que les dernières réformes ont encore creusé les inégalités entre les lycées, le caractère national et universel du bac ayant laissé place aux spécialités à la carte et au contrôle continu. Il faut vraiment remettre de l'égalité dans le dispositif ! Alors, madame la ministre, allez-vous enfin accéder à cette demande d'anonymisation ?