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Intervention de Alexandre Sabatou

Réunion du mercredi 22 mars 2023 à 13h40
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Sabatou :

Depuis le milieu du XXe siècle, les États-Unis sont les meneurs incontestés de l'économie mondiale. Longtemps vus comme les défenseurs du libre-échange, les États-Unis n'ont pourtant jamais hésité à appliquer des mesures protectionnistes quand l'une de leurs industries était menacée. En 2018, ceci a pris la forme de droits de douane additionnels sur l'acier et l'aluminium puis, en 2021, de taxes punitives sur nos vins et spiritueux.

En mettant en place sa loi sur la réduction de l'inflation, les États-Unis réaffirment leur volonté de préserver leur industrie, et d'organiser la protection souveraine de leur production énergétique. En effet, cette loi a l'ambition de faire émerger une industrie verte américaine en favorisant l'implantation d'industries innovantes par le biais de subventions à la production et d'allègements fiscaux pour les technologies décarbonées produites aux États-Unis. Cette politique, prévoyant des investissements massifs à hauteur de 369 milliards de dollars, vise surtout à inciter les citoyens américains à acheter américain. Ces mesures auront pour conséquence de pénaliser les entreprises européennes implantées aux États-Unis, dont les chaînes d'approvisionnement se trouvent en dehors de ce pays. Le risque pour l'Europe est donc que ses usines délocalisent vers le géant américain.

Pour protéger leur économie, pour relancer leur industrie, les États-Unis n'ont pas hésité à aller à l'encontre des règles et principes de l'OMC. Ceci prouve, s'il en était encore besoin, que la politique d'accords bilatéraux privilégiant la souveraineté de chaque partie est bien plus réaliste eu égard à la complexité des échanges commerciaux d'aujourd'hui.

Qu'attendons-nous pour faire comme les États-Unis ? Sauvons ce qu'il reste de nos industries et de nos emplois ! Lorsque nous défendons des mesures protectionnistes pour la France ou l'Europe, on nous explique que nous voudrions nous replier sur nous-mêmes et vivre en autarcie. Pourtant, l'autarcie est un mythe : les périodes fastes pour les États coïncident avec une maîtrise subtile de l'intérieur et de l'extérieur. Depuis la crise de la Covid-19, tous les pays du monde sont repartis à la conquête de cet équilibre. Tous, sauf nous ! L'Europe doit se réveiller et sortir de l'angélisme pour défendre les nations européennes. Si nous continuons ainsi dans le marché mondialisé, sans aucune protection, nous condamnons notre industrie et nos petites et moyennes entreprises (PME) à une mort certaine.

Nous ne devons plus avoir honte de clamer que nous devons acheter français et que nous devons acheter européen. À défaut de le faire pour notre Nation, nous devons devenir protectionnistes aux frontières de l'Europe.

Le plan industriel du pacte vert pour l'ère du zéro émission nette présenté par la Commission le 1er février 2023 sera-t-il à la hauteur des 369 milliards de dollars d'investissements américains sur son sol ? À quand une politique protectionniste ambitieuse pour protéger notre pays et, surtout, notre continent ?

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