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Intervention de Yannick Monnet

Réunion du mardi 21 mars 2023 à 17h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Monnet :

La crise de la pédopsychiatrie n'est pas nouvelle. Elle s'inscrit dans celle plus globale de notre système de soins, qui se traduit tout particulièrement par l'abandon de la psychiatrie publique.

Ce qui est nouveau, en revanche, c'est l'augmentation sans précédent des troubles psychiques chez des enfants et des adolescents depuis la pandémie et ses conséquences – confinements, contexte anxiogène et rupture sociale. Le dernier bulletin de Santé publique France sur la santé mentale, publié en avril 2022, soulignait une nette augmentation des gestes suicidaires chez les 15-24 ans. Face à la recrudescence des besoins en pédopsychiatrie, bon nombre d'études relèvent les réponses parfois déficientes par manque de soignants et de structures adaptées. En octobre 2022, dans trente-deux départements, on ne recensait qu'un seul pédopsychiatre.

Le rapport que vous avez présenté indique que le nombre de pédopsychiatres a diminué de 34 % entre 2010 et 2022 et que le virage vers l'ambulatoire a conduit à fermer des lits indistinctement, tant pour les adultes que pour les enfants. La Défenseure des droits a solennellement écrit à la Première ministre en juin dernier pour l'alerter sur l'insuffisance des moyens : défaillance d'ensemble en ce qui concerne les actes de prévention, mais aussi en matière d'écoute et de recueil de la parole de l'enfant ; fermetures de lits en pédopsychiatrie ; hospitalisations d'enfants dans des lits de psychiatrie adulte.

C'est dans ce contexte inquiétant que nous attendions votre rapport. Il est grandement surprenant d'y lire, dès le sous-titre qui figure en première page, que l'état alarmant de la pédopsychiatrie ne relèverait que d'une question de réorganisation de l'accès à l'offre de soins. Comment parler de réorganisation de l'offre quand il n'y en a pas, ou si peu ? Comment penser sérieusement que les délais d'attente exorbitants pour consulter un pédopsychiatre – qui varient, dans certains départements, entre un et deux ans – ne sont que la conséquence d'une mauvaise organisation de l'accès aux soins ?

Certaines de vos recommandations apparaissent de bon sens. D'autres suscitent davantage de questions : redéployer des lits d'adultes, en nombre insuffisant, afin d'en faire des lits pour adolescents ; opérer des glissements de compétences entre psychiatres libéraux, psychologues et pédopsychiatres ; ou encore donner de nouvelles compétences aux IPA. Ces recommandations contournent le vrai problème, celui de la reconnaissance des besoins et de la profession de pédopsychiatre, celui du manque de moyens humains et financiers.

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