C'est avec un grand intérêt que nous avons pris connaissance de ce rapport d'enquête. La souffrance psychique des jeunes, révélée à l'occasion de la crise du covid, est un phénomène très inquiétant. À la suite des assises de la santé mentale et de la psychiatrie, un plan a été engagé. Selon le bilan d'étape présenté le 3 mars, notre pays a déploré, en 2020, 2,2 suicides pour 100 000 jeunes âgés de 0 à 24 ans, soit 464 décès, avec un pic chez les jeunes filles de 15 à 19 ans. En 2022, le nombre d'hospitalisations pour lésions auto-infligées chez les jeunes femmes de moins de 24 ans, et surtout chez les 10-14 ans, a augmenté de 71 % en médecine, chirurgie, obstétrique et de 130 % en psychiatrie par rapport à l'avant-crise. Les professionnels alertent également sur le développement de ce phénomène chez les enfants de moins de 10 ans.
Les psychologues sont encore trop peu associés à la prise en charge de ces troubles, alors même que la crise du covid a démontré la qualité de leur travail et conduit à la création du dispositif MonParcoursPsy, dans le cadre de la LFSS 2022 – depuis avril dernier, les personnes souffrant de troubles psychiques d'intensité légère à modérée bénéficient ainsi de huit séances remboursées par l'assurance maladie, assurées par 2 200 psychologues volontaires ; ce dispositif est ouvert dès l'âge de 3 ans. Nous devons continuer à redresser le secteur de la psychiatrie et améliorer la prise en charge des enfants. Les assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant, pilotées par Adrien Taquet et Christèle Gras-Le Guen, se poursuivent ; la restitution de leurs travaux, prévue en juin 2023, doit contribuer à atteindre ces objectifs. Parmi les priorités figurent l'amélioration de l'offre de soins dans les territoires et une meilleure adéquation entre les moyens et les besoins. L'offre de soins doit également être plus homogène.
Dans le Maine-et-Loire, nous avons un centre de psychothérapie performant. Installé dans un secteur très rural, il draine une population de jeunes – mineurs et majeurs – dans un périmètre large. Toutefois, le système de facturation pour les mineurs et les jeunes majeurs est à revoir. Alors que les demandes de prise en charge augmentent, le budget est contraint : reconduit chaque année, il ne permet pas de financer l'intervention d'un deuxième pédopsychiatre. Cet exemple illustre le constat dressé dans le rapport : les dotations sont reconduites d'une année sur l'autre, sans que l'on prenne en compte l'évolution de l'activité ou la nécessité de s'adapter aux spécificités locales. Pour y remédier, vous proposez une évolution des logiques de financement de la pédopsychiatrie.