Mesdames et messieurs les députés, plus particulièrement madame Anne Genetet, qui êtes la première signataire de cette proposition de résolution, le texte aujourd'hui soumis à l'examen de votre assemblée revêt une importance particulière, non seulement parce que la mémoire de la grande famine ukrainienne de 1932-1933, dite Holodomor, est devenue un élément central de l'identité du pays, mais aussi parce que les souffrances alors endurées par le peuple ukrainien font écho à celles qu'il subit aujourd'hui. D'hier à aujourd'hui, en effet, la détermination dont la nation ukrainienne fait preuve au cours de l'histoire force notre admiration. Ce texte est important, également, parce qu'il souligne l'envergure du crime de masse qu'est l'Holodomor, resté longtemps méconnu en raison de la volonté des autorités soviétiques de dissimuler les preuves pourtant évidentes attestant de leur implication dans son organisation.
Il a ainsi fallu attendre l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev pour que la vérité se fasse progressivement jour grâce au travail des historiens qui, à partir de l'exploitation des archives, ont mis en lumière la réalité du projet soviétique. Celui-ci ne visait rien de moins que l'écrasement d'un ennemi intérieur fantasmé, le koulak, paysan possédant que le régime considérait aussi comme le représentant d'un nationalisme ukrainien cherchant à saboter sa politique de collectivisation forcée.
Pour atteindre ce but, le régime a recouru aux amendes, à la confiscation des moindres réserves de nourriture, mais aussi au blocus de villages entiers fuyant la famine et aux déportations collectives. Cette répression implacable a fait plusieurs millions de victimes.
La proposition de résolution que vous examinez revêt une signification toute particulière en raison de sa résonance évidente avec l'actualité.
La Russie est en effet engagée dans une fuite en avant qui la conduit à instrumentaliser et à réécrire l'histoire, afin de nourrir un récit national justifiant ses ambitions impérialistes et sa guerre d'agression contre l'Ukraine. Elle pousse la manipulation des événements jusqu'à la dénégation de la réalité de l'Ukraine comme peuple et comme nation.
Face à de tels agissements, la France poursuit le soutien qu'elle apporte au travail indispensable des historiens ; je pense notamment aux programmes que nos unités mixtes de recherche, en France et à l'étranger, ont mis en place, avec l'Ukraine, en histoire et en sciences sociales. L'attachement à la vérité objective des faits historiques est la marque des nations démocratiques.
La dernière commémoration de l'Holodomor, le 26 novembre dernier, a rappelé avec une acuité toute particulière que la Russie aggrave, par sa guerre d'invasion, l'insécurité alimentaire mondiale dont de nombreux États souffrent aujourd'hui. N'ayons pas peur des mots : la Russie n'hésite pas à prendre en otage l'accès de millions de personnes à des céréales pourtant essentielles à leur survie. Elle montre avec une régularité – en un sens remarquable –, tous les trois mois, lorsqu'il s'agit de renouveler l'accord sur l'exportation des grains par la mer Noire, qu'elle est prête à tout pour renforcer les leviers dont elle pense disposer pour appuyer son agression.
Là encore, la France a agi avec détermination : le Président de la République avait annoncé à cette occasion le soutien de la France à l'initiative Grain from Ukraine, lancée par le président Zelensky, soutien qui s'est très concrètement traduit par une contribution supplémentaire de 6 millions d'euros allouée au transport et à la distribution par le Programme alimentaire mondial de céréales d'Ukraine à destination du Yémen et du Soudan.
À travers cette proposition de résolution transpartisane, vous vous inscrivez dans ce travail de reconnaissance d'un crime indéniable. Il n'est certes pas dans les habitudes du Gouvernement de reconnaître comme génocide des faits qui n'ont pas préalablement été qualifiés comme tels par une juridiction, qu'elle soit française ou internationale. Mais la réalité des crimes commis lors de l'Holodomor ne fait pas de doute ; c'est pourquoi le Gouvernement soutient ce texte.
Par ailleurs, je tiens à redire ici le soutien constant et indéfectible de la France à l'Ukraine, pour l'aider à se défendre contre cette agression illégale, injustifiable et injustifiée, pour l'aider à préserver sa liberté et son intégrité territoriale, mais aussi pour l'aider à tenir face aux bombardements russes qui visent sa population et ses infrastructures. Au-delà des livraisons d'équipements militaires, notre soutien répond à l'ensemble des besoins exprimés par Kiev. Aide économique et financière, aide humanitaire, aide matérielle : la France et l'Union européenne se tiennent avec détermination aux côtés de l'Ukraine, et elles apporteront leur soutien aussi longtemps qu'il sera nécessaire.
Car face à une Russie qui multiplie les exactions, au point que son président est visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale,…
Le 26/08/2023 à 20:18, Aristide a dit :
Il faut libérer le Niger des colons russes...
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