La famine comme arme de guerre, comme solution finale. Le grenier à blé de l'URSS transformé en cimetière des affamés. La famine impitoyable de 1932-1933 a été orchestrée, organisée et planifiée par un pouvoir soviétique cruel, vorace et assassin qui voulait piller et asservir l'Ukraine. Quatre millions d'Ukrainiens – certains avancent un chiffre encore plus important –, principalement des paysans, furent alors condamnés à la famine et à la mort. Dissimulée aux yeux du monde, cette tragédie est restée désespérément taboue pendant des décennies. À l'heure où des millions de paysans périssaient, condamnés à mort par un régime qui voulait briser leur résistance, le journal L'Humanité affirmait en août 1933, aveuglé ou complice : « Il n'y a pas de famine en Ukraine ni dans aucune république ou région de l'Union soviétique. Mais la campagne antisoviétique fait rage parce que l'URSS a déjoué tous les plans d'agression, parce que sa puissance grandit, parce que sa politique de paix enregistre des succès retentissants. » La « politique de paix » nous rappelle la rhétorique des descendants de ces Staliniens qui manifestent aujourd'hui encore contre la guerre en Ukraine ou plutôt, disons-le clairement, contre l'armement du peuple ukrainien. Toujours les mêmes complices !
L'Holodomor, « extermination par la faim » en ukrainien, a depuis été longuement documenté. Nicolas Werth, dans son Livre noir du communisme, le décrit ainsi : « une famine préméditée, organisée, systématisée […] destinée à éliminer la partie la plus dynamique de la paysannerie. Il faut appeler cela un génocide de classe. »
En 2004, 1'arrivée au pouvoir de Victor Iouchtchenko, après la révolution orange, a été l'occasion pour les Ukrainiens de dénoncer enfin la barbarie des actes commandités par Staline. Élevé au rang de tragédie nationale et reconnu comme génocide en 2006 par le parlement, l'Holodomor est aujourd'hui commémoré sur le sol ukrainien mais tarde encore à être reconnu par les autres nations comme un génocide à part entière. Les États-Unis et la Pologne l'ont fait il y a plus de quinze ans ; l'Allemagne et le Parlement européen en novembre et en décembre derniers.
Une proposition de loi avait été déposée en 2006 par le député Christian Vanneste mais n'a jamais été examinée. S'il nous a fallu aussi longtemps pour nous saisir de la question de ce génocide par la faim, c'est – j'en suis persuadée – parce que le communisme a bénéficié d'un traitement différent des autres totalitarismes qui ont défiguré le XX