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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 28 mars 2023 à 15h00
Reconnaissance et condamnation de l'holodomor comme génocide — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

La proposition de résolution portant sur la reconnaissance et la condamnation de la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d'Holodomor, comme génocide, ne pose pas moins de six problèmes, qu'il convient de mesurer ensemble. Premièrement, s'agissant de tirer les conclusions définitives d'un événement, les parlementaires n'ont pas la même légitimité que les historiens, surtout lorsque les faits ne font pas l'objet d'un consensus des historiens eux-mêmes. Ce serait pourtant fondamental, puisqu'il nous est demandé de nous prononcer, avec toute la solennité qui convient, au sujet de la reconnaissance d'un génocide. Or nous avons pour seul éclairage un exposé des motifs qui manque évidemment, puisque nous ne sommes pas historiens, de la rigueur scientifique indispensable à une telle décision.

Deuxièmement, les parlementaires n'ont pas davantage de légitimité pour faire office de juges et statuer à partir de l'article 6 du Statut de Rome de la CPI, qui définit la notion de génocide. L'intention génocidaire, en particulier, serait délicate à établir. Pour déterminer l'intention d'un accusé, l'outil démocratique le plus efficace est un procès équitable ; n'étant ni juge ni historien, personne ici ne peut prétendre connaître le dessein conçu il y a quatre-vingt-dix ans par Staline. Même si nous condamnons, sans exception, les crimes de ce dernier, il est impossible de juger de ses actes à l'époque de la grande famine sans se pencher sur les archives, accessibles depuis une vingtaine d'années.

Les archives, c'est le troisième problème de cette proposition de résolution : depuis leur ouverture, les historiens, dans leur grande majorité, s'accordent à dire que les famines qui ont tué des millions de citoyens soviétiques – ukrainiens, kazakhs ou russes – n'étaient pas intentionnelles, mais résultaient de décisions politiques et administratives erronées, appliquées de manière déshumanisée, voire criminelle, durant une période de mauvaises récoltes.

1 commentaire :

Le 26/08/2023 à 20:02, Aristide a dit :

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