Je commencerai par remercier Mme Genetet pour ce texte, dont l'adoption fera honneur à notre assemblée. Nous sommes ici, mes chers collègues, en vue de traiter d'un sujet capital : la reconnaissance du caractère génocidaire de l'Holodomor. Permettez-moi, avant d'entrer dans le vif du sujet, d'opérer quelques retours en arrière. L'Ukraine a affronté bien des crises ; l'extraordinaire résilience de son peuple s'est constituée au gré d'une histoire aussi riche que difficile – URSS, indépendance, progressisme et libertés, et désormais la guerre –, marquée par une commune volonté d'autodétermination.
En 1918, alors que l'Empire russe vient de s'effondrer, un anarchiste ukrainien, Nestor Makhno, dont je salue l'héroïsme, prend les armes, organisant la résistance aux bolchéviques, aux ultranationalistes et aux armées étrangères : ce mouvement insurrectionnel devint un symbole du combat pour l'autodétermination. Par la suite, sur fond de seconde guerre mondiale, Stepan Bandera s'engagea également dans la lutte armée ; nationaliste, il n'hésitait pas à user de violence, ni à s'allier avec les forces de l'Axe. Pour lui, la cause ukrainienne passait avant tout, y compris la paix et la stabilité régionales.