Intervention de Alain David

Séance en hémicycle du mardi 28 mars 2023 à 15h00
Reconnaissance et condamnation de l'holodomor comme génocide — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David :

Il n'est pas toujours simple pour notre assemblée de s'emparer des sujets mémoriels, comme le prouve le processus législatif hasardeux et heurté qui a présidé aux débats sur la reconnaissance du génocide contre le peuple arménien en 1998, à l'initiative de René Rouquet, et en 2001, à celle de François Rochebloine. Nous aurons à le faire à nouveau prochainement, avec la discussion de la proposition de résolution relative à la reconnaissance du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris et à la commémoration pour la mémoire des victimes.

Le sujet qui nous occupe aujourd'hui est d'un autre ordre. Bien sûr, l'histoire appartient toujours, en premier lieu, aux historiens, et un colloque qui s'est tenu récemment à l'Assemblée nationale a permis de faire le point sur l'état de la recherche historique sur l'Holodomor. Cependant, dans le contexte international que nous connaissons, cette demande de reconnaissance du caractère génocidaire de l'Holodomor, qui s'ajoute aux demandes de soutien financier, humanitaire, logistique ou militaire, revêt une importance toute symbolique : bien que moins sonore que la fourniture de canons Caesar, cette reconnaissance représenterait en effet un geste important envers le peuple ukrainien, si durement frappé par la guerre.

La documentation historique de cette « extermination par la faim » a longtemps été rendue difficile, expliquant en partie la faible reconnaissance de ce crime de masse jusqu'à présent. L'adoption en 2003 d'une résolution de la Rada ukrainienne reconnaissant la famine organisée comme un acte génocidaire a abouti, en novembre 2006, à celle d'une loi ukrainienne relative à l'Holodomor. En octobre 2022, le ministre des affaires étrangères ukrainien a appelé les parlements des nations qui soutiennent l'Ukraine à reconnaître le caractère génocidaire de l'Holodomor. Près d'une vingtaine de pays ont jusqu'ici condamné l'Holodomor comme crime contre l'humanité ou comme génocide : c'est le cas du Bundestag, qui a adopté en novembre une résolution transpartisane reconnaissant l'Holodomor comme un crime contre l'humanité, entrant dans la « classification historico-politique du génocide du point de vue actuel ».

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