Ce matin, il n'y avait pas de poissons frais à Rungis ! Depuis hier, les ports sont bloqués : dans les Hauts-de-France, chez moi en Normandie, en Bretagne, en Aquitaine. Des criées sont fermées, des armements sont à quai et des marins-pêcheurs crient leur colère : c'est une grève pour ne pas mourir.
Il n'y avait pas de poisson à Rungis ce matin. Demain, si rien n'est fait, le risque est grand qu'il n'y ait plus, durablement, de poisson français dans nos assiettes, parce que nous n'aurons plus d'artisans-pêcheurs pour les pêcher. Nous n'en aurons plus si on laisse l'Europe interdire les dragues et les chaluts dans les aires marines protégées ; si pour toute réponse au Brexit on se contente d'un plan de casse de taille XXL, sans projet alternatif pour relancer notre pêche à taille humaine, respectueuse de la ressource, qui irrigue nos ports et emploie 9 000 marins ; si on ne répartit pas mieux les quotas, captés par des sociétés financières au détriment des petits armements. Nous n'aurons plus d'artisans-pêcheurs avec ce vent qui impose cinquante parcs éoliens en mer.
Des coups de temps, les marins-pêcheurs ont l'habitude d'en essuyer en mer ; mais quand les grains viennent de la terre, dans le dos, c'est autre chose.
Entre les projets fous de l'Europe, le bashing contre ce métier de dureté et de liberté, un État qui contrôle plus qu'il ne protège le modèle artisanal,…