Ma question est destinée à M. le ministre de la santé et de la prévention mais c'est à vous que je l'adresse, madame la ministre déléguée, puisque vous le suppléez. La crise sanitaire a eu pour effet d'accroître les états anxieux et dépressifs au sein de la population, dans des proportions plus importantes chez les enfants et les adolescents. Or la Cour des comptes souligne, dans un récent rapport sur la pédopsychiatrie, que la dégradation de la situation pendant la crise de la covid a mis en lumière les faiblesses de l'organisation des soins de pédopsychiatrie et les carences de la politique de prévention dans ce domaine. L'offre d'équipements ambulatoires et hospitaliers est marquée par de fortes inégalités territoriales, et la suppression de lits d'hospitalisation au profit de prises en charge dans les centres médico-psychologiques (CMP) a été appliquée indistinctement au secteur adultes et au secteur enfants. Les centres sont submergés par les demandes d'information, de conseil, d'évaluation et de suivi pour tous les troubles psychiques, qu'ils soient légers ou sévères. En outre, vous le savez, le manque de généralistes – qui jouent pourtant un rôle important dans la détection et le suivi des troubles légers et modérés –, de psychiatres, de pédopsychiatres mais aussi de psychologues libéraux en Mayenne, rend encore plus difficile l'accès aux soins psychiques.
À ce jour, 1,6 million d'enfants et d'adolescents souffrent d'un trouble psychique en France, dont la moitié environ sont pris en charge par des professionnels spécialisés. Dans l'état actuel de l'organisation des soins, une partie des enfants et des adolescents suivis dans les centres médico-psychologiques ne souffrent que de troubles légers, leur prise en charge se faisant au détriment de celle des jeunes patients souffrant de troubles plus sévères. Néanmoins, quelle que soit leur gravité, tous les troubles psychiques des enfants et adolescents sont susceptibles d'évoluer s'ils ne sont pas rapidement pris en charge de manière adaptée.
La Cour des comptes formule ainsi un certain nombre de recommandations pour rationaliser l'accueil et l'orientation des enfants et adolescents dans le parcours de soins psychiques, mais aussi pour améliorer la coordination des acteurs entre eux et fluidifier la gradation des soins. Les auteurs du rapport préconisent notamment la mise en œuvre d'une expérimentation de maisons de l'enfance et de l'adolescence pour assurer un accueil de première ligne plus efficace, ainsi qu'une augmentation, dans les territoires sous-dotés, des moyens des centres médico-psychologiques pour enfants et adolescents. En outre, l'intervention des psychologues et des infirmiers en pratique avancée (IPA) dans le parcours de soins pédopsychiatriques, en complément de celle des autres professionnels, doit être renforcée.
Si, pour répondre aux besoins de la population, un premier contrat territorial de santé mentale permettant de faciliter les parcours – avec notamment une plateforme pour les jeunes de 16 à 25 ans – a été signé en juillet dernier en Mayenne, les recommandations de la Cour de comptes permettraient d'améliorer et de rationaliser l'accès et l'offre de soins en pédopsychiatrie, notamment dans les déserts médicaux. Aussi, madame la ministre déléguée, pourriez-vous m'indiquer vos intentions quant à la mise en œuvre de ces recommandations importantes ?