Depuis Strasbourg, où nous sommes en session plénière, je voudrais souligner que nous nous trouvons devant un triple horizon temporel : le court terme, marqué par les questions du carburant et du plan d'accompagnement individuel, le moyen terme, celui de la décarbonation, et le long terme, celui de la restauration de l'écosystème fonctionnel. Il ne faut pas perdre de vue ce point essentiel. En effet, la résilience à long terme de nos ressources de poissons dépend de l'état de l'écosystème. La science nous en apprend de plus en plus sur la question, ce qui a conduit à des tentatives pour avancer.
La question de l'interdiction du chalutage dans les aires marines protégées n'est pas nouvelle. Elle fait l'objet d'une grande campagne internationale, soutenue par des fonds de dotation qui accompagnent les actions de promotion de cette interdiction. Au mois de mai dernier, le Parlement européen a été saisi de la question par le biais d'un amendement, qui a suscité à l'époque un peu de tension et a finalement été rejeté. La suggestion de la Commission européenne a donc été présentée non seulement sans concertation, mais en contradiction avec la position adoptée par le Parlement européen.
La France et l'Europe, de façon générale, ont une vision des aires marines protégées qui n'exclut pas l'activité humaine, contrairement à la vision anglo-saxonne d'une nature pure et immaculée dans laquelle on pourrait imaginer que l'homme n'a pas sa place, qu'il est exclu de certains endroits où l'on garde la nature sous cloche. En sortant du petit port de La Cotinière, où je me suis rendu il n'y a pas très longtemps et où on ne trouve que des petits chalutiers artisanaux, on passe immédiatement dans une aire marine protégée, puis dans une autre. Tous ces bateaux seraient donc condamnés à une mort certaine. Sébastien Jumel a parfaitement raison : il ne resterait alors que les gros bateaux, qui pourraient aller pêcher plus loin.
Nous devons défendre le modèle français et européen. Je compte sur vous pour cela, Monsieur le secrétaire d'État, comme vous pouvez compter sur moi.