La position que je défends, partagée par les travailleurs que je représente, n'est pas de plaider que le salariat s'impose dans toutes les circonstances. En revanche, j'estime que si les travailleurs sont contraints – puisqu'ils ne choisissent pas leurs prix, qu'ils peuvent être déconnectés du marché, etc. –, dans ce cas, ils sont salariés. En revanche, s'ils sont des indépendants, ils doivent l'être réellement. Pour nous, la coopérative peut être une alternative à l'ubérisation. Elle permettrait de faire corps, de faire nombre. En outre, elle donne l'occasion aux gens de s'émanciper dans leur travail. Il y a une vraie volonté de la part des chauffeurs VTC de s'émanciper et d'être de vrais entrepreneurs. Uber leur avait promis qu'ils seraient leur « propre patron ». Pour ce faire, ils ont fait le choix de la coopérative. L'idée n'est pas de concurrencer Uber – cela semblerait démesuré compte tenu de sa puissance marketing et financière –, mais d'ériger un modèle plus social et responsable, de répondre à des appels d'offres, à des projets pour faciliter la circulation de personnes handicapées ou personnes âgées en collaboration avec les collectivités territoriales, etc. D'ailleurs, le département de la Seine-Saint-Denis est cofondateur de cette coopérative. Aujourd'hui, celle-ci a été présélectionnée par le Comité des jeux olympiques et paralympiques pour répondre à un appel d'offres. Il faut comprendre qu'un modèle alternatif existe. D'ailleurs, on l'appelle « alternatif », comme si la norme était Uber, comme si respecter le droit, par opposition à cette société, était « alternatif ». Tout ceci est très instructif.