Lorsque j'étais Président, Alstom n'était pas une entreprise publique. C'était une entreprise privée, dont le principal actionnaire était Bouygues et dont les dirigeants envisageaient de céder une part de l'activité, notamment l'énergie. Leur préférence allait à General Electric et les négociations étaient déjà largement engagées quand M. Montebourg, le ministre de l'économie, en a été informé. J'ai été amené à convoquer l'ensemble des parties prenantes afin de trouver la meilleure solution pour Alstom, pour les salariés concernés et pour notre filière nucléaire. Il y avait en réalité deux options sur la table : un rachat par General Electric ou un rachat par Siemens. General Electric était déjà présent sur le sol français, notamment à Belfort, et avait participé à l'histoire du nucléaire dans notre pays. La situation était plus compliquée pour Siemens, puisque l'Allemagne venait de décider de sortir du nucléaire. Par ailleurs, l'opérateur allemand souhaitait racheter toute l'activité d'Alstom, à savoir le transport et l'énergie. Même si nous avions de très bons rapports avec Siemens et que nos amis allemands auraient été très heureux d'une telle coopération, j'ai donc considéré qu'il fallait choisir General Electric, en lui posant un certain nombre de conditions auxquelles il a parfois tenté de se soustraire – il a d'ailleurs dû payer des pénalités pour ne pas avoir tenu ses engagements en matière de créations d'emplois.