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Intervention de Grégoire de Fournas

Séance en hémicycle du mercredi 22 mars 2023 à 15h00
Approvisionnement en produits de grande consommation — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGrégoire de Fournas :

Vous êtes la majorité de l'impuissance, celle de l'abandon – rappelé par M. Thierry Benoit – du bras de fer avec Bruxelles, confirmé par le résultat piteux de la présidence du Conseil de l'Union européenne.

Vous êtes la majorité de l'incohérence, celle des larmes de crocodile sur le sort des betteraviers alors que vous comptez dans vos rangs Mme Barbara Pompili, qui porte une très lourde responsabilité dans le futur saccage de la filière sucrière.

Vous êtes aussi la majorité de l'irresponsabilité, puisque vous assumez d'être totalement en roue libre s'agissant de l'inflation à tel point que M. Bruno Le Maire, entre deux mesures d'enfumage anti-inflationnistes, vous a rappelés à l'ordre en raison de l'impact gravissime de votre texte sur l'augmentation des prix.

Sur l'inflation, vous accélérez. Vous accélérez parce que vous vous êtes laissé enfermer dans un débat infernal qui met dos à dos les agriculteurs et les consommateurs, sans jamais remettre en question les marges des intermédiaires et particulièrement celles de la grande distribution. Michel-Édouard Leclerc vous en remercie ! Vous allez aggraver considérablement l'inflation des prix de l'alimentation pour les Français, sans avoir pu nous expliquer comment ces marges pourraient se répercuter sur celle des agriculteurs.

Le groupe Rassemblement national a fait des propositions concrètes, que vous avez toutes refusées, tellement sûrs de vos dispositifs fluctuants et contestés par le Gouvernement lui-même. Sans aucune explication valable, vous avez refusé notre amendement proposant de distinguer les PME de l'agroalimentaire, qui galèrent, et les multinationales, qui se gavent. Sans aucune explication valable, vous avez refusé notre amendement, pourtant suggéré par M. le président de la commission des affaires économiques lui-même, sur la publication des marges de la grande distribution.

Au lieu de soutenir cette ligne responsable, vous reconduisez un SRP + 10 qui permet à la grande distribution d'augmenter ses marges de 600 millions supplémentaires par an, sans qu'aucun rapport ne puisse démontrer que ce dispositif profite aux agriculteurs.

Jusqu'au bout, vous vous êtes obstinés à vouloir maintenir le SRP + 10 pour la filière fruits et légumes alors que, jusqu'au bout, elle vous a expliqué qu'il fallait d'urgence qu'elle en sorte parce qu'elle en mourrait. Jamais, vous n'avez voulu remettre en question ce totem du SRP + 10, même lorsque vous étiez mis salutairement en très large minorité en CMP sur la question des fruits et légumes.

Jusqu'au bout, vous avez encouragé toutes les mesures inflationnistes, y compris celle totalement irresponsable d'étendre l'encadrement des promotions aux produits d'hygiène et de beauté, ce qui provoque l'incompréhension de tous, y compris celle de M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, qui vous a appelés une nouvelle fois à la mesure. Ce dispositif aurait dû être réservé aux PME françaises pour neutraliser les hausses spectaculaires des marges des multinationales faites sur le dos des consommateurs français. L'Oréal et Unilever pourront ce soir trinquer à votre santé et ce sont les Français qui payeront le champagne !

Nous pourrions nous consoler de la suppression du SRP + 10 pour les fruits et légumes, de l'extension de la non-négociabilité des matières premières agricoles aux marques de distributeur ou de l'encadrement des pénalités logistiques, mais ce texte, au-delà des dispositifs très probablement inopérants, provoquera trop d'effets pervers pour que nous vous suivions.

Cette nouvelle loi n'apportera rien aux agriculteurs. Travaillons plutôt, dès demain, à la loi Egalim 4 qui, à n'en pas douter, arrivera rapidement. Travaillons pour nous assurer que les industriels rendent réellement aux agriculteurs le bénéfice de la non-négociabilité des matières premières agricoles. Travaillons à rendre plus justes les relations entre les agriculteurs et les coopératives. Travaillons à trouver de vraies solutions pour faire exploser le monopole infernal des centrales d'achat, qui écrase nos producteurs. Travaillons à trouver de vraies solutions contre cette concurrence étrangère déloyale et intenable pour de nombreux producteurs. Travaillons à redonner à l'agriculture les moyens de production nécessaires à sa compétitivité qui, demain, rendra à la France sa souveraineté alimentaire.

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