Il s'agit d'une forme de traque biométrique généralisée, reposant sur une analyse en temps réel des points qui composent les corps, les gestes et les expressions, sans aucun moyen technique pour exclure les visages, malgré la promesse faite dans ce texte.
Vous allez plus vite donc, mais plus vite vers le virage sécuritaire. Le fiasco du Stade de France, qui aux yeux de l'Europe a fait apparaître la France comme un pays arriéré et barbare en matière de sécurité, aurait dû questionner la doctrine du maintien de l'ordre à la française. Ce texte démontre pourtant que rien n'a été appris, rien n'a été retenu de cette séquence, et que le Gouvernement est prêt à aller plus loin dans la fuite en avant technosolutionniste. Les enquêtes ciblaient l'absence de dialogue, due à l'incapacité à parler des langues étrangères, et l'absence d'organisation, mais ce texte préfère miser sur une chimère orwellienne au détriment de la sûreté, pourtant définie à l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme comme un droit imprescriptible. Là, ce droit prend un peu cher !
Évidemment, l'opacité est totale sur le fonctionnement des entreprises qui développent ces algorithmes. Une seule certitude : elles équipent déjà de nombreuses villes françaises, sans cadre réel. Une pratique contre laquelle la Cnil nous mettait déjà en garde en 2020. Et il n'est pas question dans ce texte de mettre un terme à ces déploiements illégaux, bien au contraire. Il s'agit plutôt de fournir aux entreprises les données dont elles ont désespérément besoin pour nourrir leurs algorithmes et les rendre plus performants. Autrement dit, ce projet de loi propose de transformer les participants aux JO, français ou étrangers, en cobayes afin de faire fructifier les finances de ces entreprises au détriment, encore une fois, de la sûreté.
Vous n'êtes certes pas le premier gouvernement qui se sera servi des JO comme prétexte à la mise en place de dispositifs répressifs. En 2004, la Grèce installait déjà un « super-panopticon », un système analysant les données des caméras de la capitale et écoutant tout ce que les personnes échangeaient dans les rues. Cela a été un fiasco ! Plus parlant encore, les JO de Pékin de 2008. Un certain Xi Jinping, alors vice-président chargé des JO, avait déployé un système de caméras dans la capitale, point de départ du développement massif des technologies de surveillance dont on connaît l'aboutissement aujourd'hui : le crédit social, qui semble rejouer un épisode effrayant de la série Black Mirror, mais s'insère malheureusement dans une réalité très réelle ! Ce que l'histoire des Jeux nous enseigne, c'est que, quasiment jamais, les dispositifs de surveillance mis en place n'ont été retirés par la suite. Et la remarque en commission des affaires sociales de votre collègue Annie Vidal, du groupe Renaissance, est en cela lourde de sens puisque, selon elle, l'objectif d'une expérimentation est de généraliser un dispositif pour son installation à long terme. Je la remercie, car elle nous permet de voir plus clair dans votre jeu. Quel beau projet que celui d'utiliser les JO pour glisser vers une société à laquelle 1984 n'a rien à envier !