Deux minutes, c'est peu pour mettre des mots sur la douleur des femmes, des couples touchés par une interruption spontanée de grossesse, plus communément appelée fausse couche. On en compte, cela a été rappelé, 200 000 chaque année ; c'est 15 % du total des grossesses. En tant qu'homme, je ne pourrai évidemment jamais comprendre la souffrance physique, la blessure du corps, le vide psychologique, le stress post-traumatique qui touche une femme concernée sur trois. C'est un sujet encore tabou dans notre société.
Le groupe Socialistes soutient bien sûr ces femmes, ces familles. Rappelons aussi solennellement que notre devoir est de les écouter lorsqu'ils vivent « un drame silencieux dont les douleurs sont vécues dans l'ombre et auquel notre société ne prépare guère », pour reprendre les mots de Paula Forteza. Parce que l'entourage, les amis, les proches rappellent qu'il ne faut pas annoncer une grossesse avant trois mois, on renvoie souvent ces femmes à l'idée qu'une fausse couche, ce n'est rien ; pourtant, le corps et les émotions disent le contraire.
Je salue votre travail, madame la rapporteure, comme je tiens à rappeler celui de notre collègue Paula Forteza lors de la précédente législature.
Je n'ai pas le temps d'évoquer l'insuffisance du nombre des gynécologues et des psychologues hospitaliers sur notre territoire pour prendre en charge ces femmes victimes de fausse couche.
Nous accueillons évidemment favorablement ce texte, qui nous donne l'occasion de valoriser l'engagement des sages-femmes en leur donnant la possibilité d'adresser leurs patientes à un psychologue. C'est un premier pas vers un accompagnement tellement nécessaire pour amener un peu d'apaisement dans ce grand bouleversement.
« Ceux qui ne savaient pas, qui ne pouvaient pas se douter, m'ont dit que ce n'était rien, que j'allais oublier, que ça n'était même pas un fœtus, ce n'était pas un enfant, que mes émois étaient de la littérature. Pourtant, j'avais vu mon corps se transformer, je l'avais senti. [...] Et puis cette sensation d'être seule, seule, en voyant tout disparaître. “Perdre”, c'était le verbe. [...] Même sans tristesse, même sans drame, rien n'est comme avant. Ça avait eu lieu. » Ce sont les mots de Line Papin dans Une vie possible.
Ces femmes ne seront plus seules ; la représentation nationale est à leurs côtés.