Intervention de Jean-Philippe Tanguy

Réunion du mercredi 1er mars 2023 à 9h35
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Tanguy :

Depuis maintenant dix-huit mois, il semble que la Banque centrale européenne et la Banque de France, après avoir été dans le déni du phénomène d'hyperinflation, continuent à courir et à subir un phénomène dont vous n'analysez pas correctement les causes et auquel vous ne proposez pas de solution pertinente. Il semblerait en effet que, comme dans les dix années précédentes, où elle menait une politique de taux bas, la politique de la BCE suive la pratique de la Fed, alors que cette dernière opère sur des fondamentaux économiques américains qui sont aujourd'hui très différents de ceux qu'on observe en Europe. Les États-Unis disposent en effet d'une autonomie énergétique et de matières premières, et les causes de l'inflation dans ce pays semblent fondamentalement différentes de celles qui prévalent dans l'Union européenne, où il s'agit notamment d'une inflation importée liée à une dépendance dans le domaine des matières premières et de l'énergie. D'autre part, l'évolution des salaires, même si elle s'est ralentie aux États-Unis, est très différente sur le continent américain et dans l'Union européenne. Je n'ai pas l'impression que les outils adoptés par la BCE correspondent véritablement à une solution pour notre continent. Je ne vois pas non plus qu'une politique ait été instaurée pour développer l'économie productive et remédier en urgence à nos dépendances. Je ne vois donc pas en quoi nous nous attaquons aux fondamentaux de l'inflation.

D'une manière générale, on peut également s'interroger sur la fiabilité des outils statistiques utilisés aux niveaux européen et français. En voyant l'Insee annoncer aujourd'hui une hausse du pouvoir d'achat pour les ménages français, on se demande dans quel monde nous vivons ! C'est inquiétant pour l'économie occidentale, car la confiance des acteurs économiques dans les outils statistiques est un acquis des démocraties. Or, de nombreux acquis semblant être remis en cause ces dernières années, je commence à m'inquiéter sérieusement de l'écart entre la confiance que l'on fait à la fiabilité et à la transparence des outils statistiques et la réalité des phénomènes qu'ils décrivent. Si vous commencez à expliquer aux Français que leur pouvoir d'achat a augmenté cette année, bon courage et bonne chance !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion