Comme vous l'avez rappelé, monsieur le gouverneur, l'inflation était, au mois de janvier, plus faible en France que chez la plupart de nos voisins – elle était en effet inférieure de deux points à sa valeur en Allemagne et de près de trois points à celle qui était observée en Italie. Selon la plupart des études économiques, ce résultat doit beaucoup à la politique budgétaire menée dans notre pays. Des simulations très éclairantes réalisées par les chercheurs du Cepremap, le Centre pour la recherche économique et ses applications, localisé à l'École d'économie de Paris, montrent que le bouclier tarifaire a permis de réduire l'inflation, de soutenir la croissance et de juguler les inégalités. Chose plus intéressante encore, elles montrent que c'était, pour ce faire, la politique la plus efficace parmi les alternatives examinées. En particulier, l'indexation des salaires sur les prix aurait, au contraire, accru l'inflation et le chômage et fait reculer la production et le pouvoir d'achat. Nous avons donc fait les bons choix dans cette période inédite.
Toutefois, le niveau élevé de l'inflation entraîne, comme vous l'avez rappelé, une augmentation des taux directeurs de la BCE. Cette action intervient dans un contexte particulier, car à la crise conjoncturelle, qui est économique, s'ajoute une crise structurelle, qui est climatique. Pour opérer la transition énergétique, nous avons besoin d'investissements massifs, qu'il ne faudrait pas voir freinés à cause d'une augmentation indifférenciée du coût du capital.
Je vous poserai donc deux questions. Tout d'abord, pour ce qui est de l'impact de la politique monétaire sur le financement des entreprises, Isabel Schnabel, du directoire de la BCE, a évoqué le 10 janvier l'hypothèse d'un verdissement du portefeuille de la BCE et de ses exigences de collatéral. Pouvez-vous nous en dire plus sur les réflexions en cours à ce propos et sur les critères qui pourraient être utilisés ?
Ensuite, une préoccupation forte tient à la réduction des capacités d'emprunt des ménages pour faire face aux besoins de rénovation énergétique, alors même que, comme vous l'avez rappelé dans votre propos liminaire, les conditions du crédit immobilier se resserrent. Quelle appréciation la Banque de France fait-elle de ce risque et, le cas échéant, quelles évolutions permettraient-elles de l'éviter ?