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Intervention de André-Hubert ROUSSEL

Réunion du mercredi 25 janvier 2023 à 11h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

André-Hubert ROUSSEL, président exécutif d'ArianeGroup :

Le continuum entre la bataille balistique et la bataille spatiale est de plus en plus marqué : il faut utiliser les compétences et les technologies acquises pour croiser les regards et garder un temps d'avance. Pour le compte du ministère de la défense, ArianeGroup suit le développement des défenses et des avancées balistiques à travers le monde afin d'anticiper le niveau de pénétration que nécessiteront les forces de dissuasion – pour maintenir au même niveau le glaive et le bouclier.

ArianeGroup a également développé depuis plus dix ans des technologies et des systèmes de surveillance de l'espace. Nous sommes désormais liés par un contrat pluriannuel avec le commandement de l'espace.

Pour assurer ce continuum de défense et de découragement, ArianeGroup participe également aux actions menées dans le cadre du fonds européen de défense, comme le projet de surveillance spatiale Sauron.

Vous avez aussi évoqué les armes hypersoniques. En plus des missiles balistiques et des missiles de la composante aéroportée développés par MBDA. il existe désormais des planeurs hypersoniques. Lancés par des missiles balistiques, ils ne sont pas dotés de propulsion, mais ils peuvent être manœuvrés. La Chine et la Russie, notamment, se sont dotées de ce type d'armements. Et en réponse, les États-Unis développent des armes hypersoniques du même type. La France a lancé le démonstrateur V-MAX, que vous avez mentionné, et l'a confié à ArianeGroup pour permettre d'acquérir des technologies pour ses planeurs hypersoniques. Le premier vol est programmé et un deuxième démonstrateur, V-MAX 2 en sera le prolongement. En parallèle, la DGA nous a confiés plusieurs études amont sur les futurs systèmes d'armes qui s'appuieraient sur ces technologies hypersoniques.

Pour répondre à Mme Poueyto, je tiens à préciser qu'ArianeGroup n'a pas délocalisé d'activité en Allemagne. Ariane est un programme européen sous l'égide de l'Agence spatiale européenne (ESA), développé en collaboration avec treize États européens. En respect des règles du retour géographique de l'ESA, les programmes sont déployés dans les pays à hauteur de leur contribution au financement du développement de ces technologies. ArianeGroup SAS est le premier contributeur de ce programme, à hauteur de 50 %, et est maître d'œuvre de l'ensemble du lanceur, tandis que d'autres industriels français y participent à plus petite part. Le second contributeur est l'Allemagne, à hauteur de 20 %, au travers d'ArianeGroup en Allemagne et de MT Aerospace, filiale de OHB. Enfin, la part de l'Italie s'élève à 10 % environ, au travers d'Avio, maître d'œuvre du deuxième lanceur européen, Vega.

S'agissant de la propulsion liquide qui équipe Ariane, trois différents moteurs sont conçus en France sur le site de Vernon : le Vulcain, moteur d'étage principal, le Vinci, moteur d'étage supérieur qui équipera Ariane 6, et le Prometheus, moteur futur pour les lanceurs réutilisables. Le développement de ces moteurs reste localisé en France. Mais dans le cadre de ce programme en coopération plusieurs éléments, tels que les chambres de combustion de ces trois moteurs, sont développés chez ArianeGroup en Allemagne. C'est dans ce cadre et pour faire face à la compétition internationale également qu'il a été décidé d'enclencher le transfert de l'intégration et des tests du Vinci sur le site Lampoldshausen en Allemagne dans un souci d'optimisation industrielle globale à l'échelle du programme Ariane 6. Ce transfert n'engendre pas de perte de savoir-faire en France.

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