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Intervention de Pierre Éric Pommellet

Réunion du mercredi 25 janvier 2023 à 11h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Pierre Éric Pommellet, président-directeur général de Naval Group :

Le principal risque de nos domaines industriels concerne en effet la ressource humaine. L'attractivité de l'industrie – et, plus encore, de défense nucléaire – est devenue un véritable défi, alors même qu'elle offre des perspectives de carrière dans des métiers exceptionnels, avec d'excellentes conditions économiques et salariales. Pourtant, de nombreux postes sont vacants. Par ailleurs, l'industrie est fortement implantée dans des territoires, dont certains ont perdu de leur attractivité.

Nous menons diverses actions pour y remédier. Dans le domaine naval, l'initiative du campus des industries navales (CINav) est menée conjointement par des industriels, des régions partenaires, l'éducation nationale ou encore le ministère des armées. Elle vise à identifier la centaine de métiers en tension, qui concernent à la fois les chaudronniers, les soudeurs, les mécaniciens, mais aussi les ingénieurs en cybersécurité, et à travailler avec l'éducation nationale et les centres de formation pour « navaliser » des formations. Nous avons défini des modules académiques d'une dizaine d'heures afin de donner envie aux jeunes de s'orienter vers l'industrie navale. En outre, l'école de soudage de Cherbourg rassemble plusieurs industriels – Orano, EDF et Naval Group – qui offrent aux jeunes, au terme de leur formation, l'opportunité de travailler sur les chantiers de SNLE ou dans le domaine du nucléaire.

Certes, l'industrie navale a l'avantage d'être profondément liée à la mer, qui continue à attirer des vocations, et nos actions portent leurs fruits, mais nous devons poursuivre nos efforts.

La difficulté à attirer des femmes dans nos métiers est une réalité et c'est un axe de développement. Naval Group compte environ 20 % de femmes et 15 % de femmes techniciennes. L'an dernier, seulement 5 % de femmes ouvrières ont été recrutées. Il s'agit à mon sens d'un problème sociétal. Or nous ne pouvons pas nous priver de la moitié de la ressource humaine du pays.

Outre la diversité, nous cherchons à travailler sur la pénibilité des métiers en démontrant que tous sont accessibles. Nous souhaitons améliorer l'environnement, la qualité de vie au travail, la sécurité et le suivi médical. À ce titre, Naval Group est engagé dans un programme vers le « zéro accident ».

L'industrie de défense peine davantage encore à recruter. Si la guerre en Ukraine a rappelé l'importance de ce secteur, ce dernier doit susciter des vocations. En outre, la défense contribue au développement durable des territoires. Ces messages doivent être répétés à nos jeunes générations, qui voient malheureusement la défense comme un secteur dont nous devrions nous affranchir. Or, il existe une forte synergie entre la propulsion nucléaire et le nucléaire civil, à la fois pour les compétences, les matériaux et les industries. Nous nous appuyons en effet sur les mêmes industriels.

La dissuasion est un démultiplicateur de notre activité industrielle. En effet, si Naval Group est considéré comme l'un des meilleurs acteurs de son secteur, c'est notamment grâce aux compétences et à la compétitivité que nous avons acquises par la dissuasion nucléaire.

S'agissant de l'état d'avancement de nos programmes, vous pouvez consulter en ligne leurs objectifs calendaires et contractuels. La dissuasion impose un rythme cadencé : l'économie de guerre nous appelle à respecter les contraintes budgétaires. Naval Group est toujours au rendez-vous, qu'il s'agisse de la maintenance des sous-marins, du démantèlement des précédentes générations et du programme SNLE 3G, qui entrera en phase de réalisation en 2025. Les premiers éléments de la chaufferie du bateau sont actuellement usinés à Nantes-Indret, et les premières tôles de coque seront bientôt fabriquées à Cherbourg.

Monsieur Saintoul, la discrétion est l'une des exigences de la dissuasion. Le SNLE, qui gagnera encore en discrétion acoustique dans sa troisième génération, est un objet quasiment indétectable. En revanche, il doit pouvoir se diluer malgré la densité de l'activité à proximité de nos côtes. Il faut donc développer autour du SNLE les compétences lui permettant de se diluer en toute sécurité. Il s'agit par exemple de la guerre des mines, projet de la future LPM, sur laquelle Naval Group a engagé un programme avec la Belgique et les Pays-Bas, que le ministère des armées souhaite rejoindre. La lutte anti-sous-marine, en outre, s'appuie sur les frégates de lutte anti-sous-marine et les avions de patrouille maritime, qui détectent toute menace aux abords de nos côtes. La mer est en effet un espace commun. Un projet sur la patrouille maritime du futur a récemment été annoncé par le ministère des armées. Enfin, nous devons nous doter de systèmes de défense contre les drones. Le ministre des armées a déclaré que la France avait raté le virage des drones : la LPM doit permettre d'y remédier. Par ailleurs, la France peut encore affirmer sa compétitivité dans le domaine des drones de surface et sous-marins.

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