Lors de ses vœux aux armées, le 20 janvier, le Président de la République a souligné le rôle crucial de la dissuasion, en rappelant qu'elle est « un élément qui fait de la France un pays différent en Europe » et « qu'elle mérite les efforts considérables que nous lui consacrons ». Cette déclaration souligne la permanence des fondamentaux de la dissuasion, qui repose notamment sur ses composantes aéroportée, océanique, notamment la force océanique stratégique (FOS) et ses programmes de sous-marins nucléaires d'engins (SNLE) et notamment du SNLE de troisième génération (SNLE 3G).
L'excellence de la filière navale française s'est appuyée sur une volonté politique forte et ininterrompue depuis la décision de construire le premier SNLE en 1963. Soixante ans d'efforts et d'investissements continus ont structuré autant la marine nationale que Naval Group. Des générations d'ingénieurs, d'ouvriers, de techniciens et de marins concourent à une activité à très forte valeur ajoutée technologique. Le Président a aussi déclaré qu'il fallait « renforcer notre dissuasion en nous donnant tous les moyens d'assurer sa robustesse, sa fiabilité, sa modernisation dans des conditions particulières et évolutives du monde d'aujourd'hui ».
Si la France a réduit son investissement dans la dissuasion en passant de six à quatre SNLE au début des années 1990, depuis 2017, les crédits de paiement qui lui sont consacrés ont augmenté de 40 %, atteignant 4,6 milliards d'euros en 2023. Au-delà du prix de notre souveraineté, ce budget représente un investissement qui profite à toute l'industrie de défense mais aussi à l'industrie civile, et dont les retombées sont positives pour l'économie et l'emploi en France.
En tant que maître d'œuvre, Naval Group est un industriel majeur de la dissuasion. Commencée il y a quatre cents ans avec la construction des arsenaux de la marine, l'histoire de Naval Group est depuis soixante ans structurée par l'activité de dissuasion et les SNLE.
Nos activités concernent le maintien en condition opérationnelle (MCO) des SNLE en service ainsi que la conception et la réalisation, avec TechnicAtome et ArianeGroup, de quatre SNLE 3G, qui remplaceront la génération actuelle à partir de 2035 à raison d'un sous-marin tous les cinq ans.
Naval Group est également chargé du MCO du porte-avions Charles de Gaulle, qui participe à la dissuasion au travers de la force aéronavale nucléaire (Fanu), ainsi que de la conception et de la réalisation du porte-avions nouvelle génération avec les Chantiers de l'Atlantique et TechnicAtome.
Enfin, Naval Group travaille à la conception, la réalisation et l'entretien de nombreux moyens qui concourent à la dissuasion comme les sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), les frégates anti-sous-marines – notamment les frégates multimissions (Fremm) et, demain, les frégates de défense et d'intervention (FDI) – ou encore les chasseurs de mines.
Les SNLE sont les systèmes industriels les plus sophistiqués réalisés par l'homme. Les technologies dont ils sont équipés nécessitent une expertise dans de nombreux domaines de points, tels que l'hydrodynamique, la discrétion acoustique, la détection sous-marine, la métallurgie des aciers spéciaux, la mise en œuvre des missiles balistiques, armes sous-marines et contre-mesures, la propulsion nucléaire, ou encore la sécurité générale, la sécurité pyrotechnique et la sûreté nucléaire. Le SNLE est à la fois un sous-marin – objet complexe par nature –, mais aussi une centrale nucléaire, qui fonctionne à proximité de l'équipage, et une base de lancement de fusées, équipée de seize missiles.
La construction d'un SNLE nécessite 20 millions d'heures de production et 1 million de composants assemblés que la France a réussi à faire il y a soixante ans.
Pour mener à bien son activité au profit de la dissuasion, Naval Group pilote une chaîne de partenaires et de sous-traitants de près de 6 000 fournisseurs, composée d'industriels des secteurs mécanique, électrique et électronique ou encore du développement logiciel, parmi lesquels figurent notamment TechnicAtome, Thalès, ArianeGroup, Safran, CNIM, Aubert & Duval, Creusot Forge, GE Thermodyn, ou encore Jeumont, mais aussi plusieurs centaines de PME pour qui la dissuasion est un véritable levier de développement, et qui couvrent l'intégralité du territoire national.
Le développement de la composante océanique de la dissuasion bénéficie également aux forces conventionnelles. Elle contribue aux autres programmes nationaux ainsi qu'à l'exportation, en tirant le niveau de performance de Naval Group et de l'ensemble de la BITD vers le haut. On peut citer plusieurs domaines comme ceux de l'architecture d'ensemble, la signature acoustique, la métallurgie des coques, l'informatique des systèmes de combat ou encore la propulsion qui bénéficie aux sous-marins classiques et aux navires de surface. La dissuasion, que nous ne pouvons bien entendu pas exporter, garantit à nos clients internationaux la pérennité de notre entreprise.
Enfin, la dissuasion a de nombreuses retombées sur l'industrie de défense en général et pour un certain nombre de réalisations civiles. Les exemples sont nombreux : supercalculateurs, métallurgie, acoustique, matériaux amortissants, système de réfrigération…
Tous les sites de Naval Group participent à cette réussite collective. Les bureaux d'études d'ingénierie sur les bâtiments de surface et sous-marins sont installés sur le site de Lorient. Cherbourg est le site de conception, de construction, d'assemblage, et d'intégration des SNLE, ainsi que de leur démantèlement. Témoignage de la continuité industrielle qui fait la force de notre pays, Cherbourg accueille simultanément les SNLE conçus dans les années 1960 en cours de démantèlement, les Barracuda en phase de construction, et les études et développements des SNLE 3G dont les premiers éléments de coque commenceront à être produits dès 2023. Toulon-Ollioules, Saint-Tropez, Ruelle pour les systèmes de direction de combat et certains équipements, Nantes Indret pour la propulsion et les éléments essentiels de la chaufferie nucléaire ou pour les centres d'expertise et la R&D, Toulon pour le MCO du porte-avions et enfin, Brest qui regroupe 3 000 collaborateurs de Naval Group engagés dans la maintenance des SNLE, qui en assurent l'exceptionnelle disponibilité : en effet, depuis le début de la force de dissuasion, un bateau au moins se trouve en permanence à la mer. S'agissant de l'activité de MCO, nous sommes capables de répondre à la demande : en mars 2022, quelques semaines après le début de la guerre en Ukraine, lorsque la France a affirmé sa posture de dissuasion, nous avons été sollicités pour contribuer rapidement au renforcement de la posture. Ce fut une aventure humaine exceptionnelle, nous avons dû refuser des volontaires tant l'engagement est fort au sein du groupe.
La réalisation du programme SNLE 3G a été lancée en 2021. Les études d'avant-projet avaient démarré en 2007, afin de répondre au double défi technologique-industriel et budgétaire. Le premier SNLE 3G doit être livré en 2035. Il repose sur une architecture générale héritée de la génération précédente actuellement en service et bénéficie de synergie avec le programme de sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda. Ses performances tiendront compte de l'évolution des menaces notamment par l'amélioration dans le domaine de la discrétion et de la détection sous-marine.
L'activité dissuasion océanique, si l'on élargit le périmètre à l'ensemble des capacités navales requises en complément du déploiement des SNLE, et au porte-avions Charles de Gaulle, représente pour Naval Group jusqu'à un tiers de l'activité. L'impact économique pour Naval Group et la filière industrielle associée qui augmentera dans la phase de développement du SNLE 3G, s'apprécie par les emplois générés, 6 000 à 10 000 emplois directs et indirects par an, la valeur ajoutée créée en France (90 %), l'impact territorial (plus de 80 départements impliqués) ainsi que par la contribution de la dissuasion aux exportations et à l'innovation