Il faut s'attacher à mieux définir le terme de résilience. Une LPM doit, à mon sens, susciter une forme d'unité au Parlement sur les questions de défense. Tout ce que l'on fera pour renforcer le lien entre la nation et l'armée ira dans le bon sens – cela englobe le SNU, les réserves, le SMA en outre-mer, le SMV, etc. De très nombreux sujets permettent de travailler sur la résilience.
Un budget dédié permettra de convoquer, d'habiller et d'accueillir les réservistes. À mon sens, les obstacles à la convocation ne sont pas nécessairement budgétaires. S'agissant spécifiquement des RO2, je rappelle que les retraités de l'armée doivent cinq ans de réserve aux forces armées et peuvent être rappelés à tout moment par décision du ministre ou du Président de la République. Il faudrait appliquer cette obligation, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, hormis dans des unités particulières. Je reverrai prochainement le groupe de travail sur les réserves pour réfléchir aux dispositions de la LPM sur ce sujet.
La protection de nos infrastructures sous-marines, telles que les câbles et les pipelines, est prioritaire. La LPM comportera des dispositions sur la guerre des mines, les bâtiments hydrographiques et les moyens d'atteindre la grande profondeur. Il faudra déterminer les coopérations que nous souhaitons établir, notamment dans l'Atlantique et la Méditerranée.
La visibilité que nous allons donner sera d'un grand soutien pour la BITD. Nous devons parallèlement simplifier les normes – y compris au sein de la DGA – ainsi que l'expression des besoins des armées. L'appui à la BITD passera aussi par la manière de commander, ce qui fait partie du mandat que j'ai confié au DGA ce matin.
Le SSA est un beau service, qui a souffert de coupes budgétaires. J'ai décidé de tout remettre à plat. Il faut se pencher sur nos infrastructures en province, sur les personnels et les moyens que l'on envoie en OPEX. Il faut que Bégin et Percy, à l'instar des hôpitaux régionaux, puissent faire face à un cumul d'événements, telles qu'une épidémie, un attentat de masse et la préparation d'une cohorte de soldats à un engagement. Les moyens seront en augmentation, au-delà des crédits du Ségur. Cela permettra au SSA, par exemple, de continuer à mener des recherches sur le traitement des blessures psychiques des soldats. La hausse des crédits concernera aussi les infrastructures.
Le dossier des hydrocarbures est interministériel et, à ce titre, est suivi par le SGDSN (secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale).
En matière de munitions, il faut veiller à l'équilibre entre réactivité et endurance afin d'assurer une bonne gestion des deniers publics. Nous vous ferons des propositions en ce sens. La LPM devrait prévoir une dotation de milliers de munitions rôdeuses à l'horizon 2030. Cela fait partie des Retex, les retours d'expérience, de l'Ukraine. Plutôt que de constituer des stocks indifférenciés, nous allons nous intéresser à la nature des systèmes d'armes.
Il faut distinguer les différents niveaux de défense sol-air. Pour la courte portée, nous utilisons en particulier le Mistral. Pour la courte et moyenne portée, nous employons notamment le Crotale – qui parvient quasi-systématiquement à intercepter les missiles russes en Ukraine –, lequel sera progressivement remplacé par le VL Mica (missile d'interception, de combat et d'autodéfense). Enfin, s'agissant de la grande portée, nous avons recours au missile franco-italien SAMP/T Mamba, qui sera remplacé par le SAMP/T NG. La défense sol-air a été une fonction négligée au cours des quinze dernières années, pour de multiples raisons. Elle fera l'objet d'un effort financier majeur de la LPM.
Le taux de disponibilité des matériels est une donnée fondamentale, car elle indique la disponibilité réelle de nos armées et intéresse de très près nos compétiteurs. Cela justifie le secret vis-à-vis du grand public. Je propose que l'on réfléchisse avec le président de la commission à une information sécurisée, comportant un engagement de confidentialité, car je ne veux pas priver la représentation nationale de l'information sur ce sujet.
Nous avons retiré progressivement le Mirage 2000-C, en suivant un pivot vers le Rafale. Les moyens affectés au Mirage 2000-D restent d'actualité. Le pivot marque un effort considérable, qui tient compte des capacités de production de Dassault. Il n'y a plus de tensions comme par le passé, car la flotte de chasse est standardisée et ses contrats opérationnels sont connus. Le tout-Rafale permettra de réduire, au fil des ans, le coût du MCO, qui est de plus en plus élevé pour les Mirage.
Le plan famille doit nous permettre d'adopter des mesures encore plus ambitieuses à l'égard des conjointes et des conjoints. Quelques sujets doivent être traités de manière plus approfondie, en lien avec les collectivités territoriales : les enfants en bas âge, les crèches et les conjoints. On ne peut pas parler de fidélisation, de militarité, d'acceptabilité des flux de mutation sans ces prérequis.
La défense sol-air et nos moyens outre-mer, que j'ai évoqués, sont des composantes importantes de la défense opérationnelle. Les contrats opérationnels entre l'Hexagone et l'outre-mer devront être spécialisés ; le CEMA y travaille. Nous développons la coordination avec les forces de sécurité intérieure, comme en témoignent, par exemple, les opérations Sentinelle et Harpie. Nous allons sûrement développer une approche plus fine, géographiquement, en fonction des missions. L'été dernier, face aux feux de forêt, le génie a engagé une mission de protection du territoire. Les réservistes jouent aussi un rôle important en ce domaine. Je vais demander aux délégations militaires départementales (DMD) et aux officiers généraux des zones de défense qu'ils nous fassent remonter un certain nombre de propositions, en lien avec nos gendarmes. Nous traiterons ce sujet dans le rapport annexé de la LPM.