Je réaffirme, au nom de mon groupe, toute notre reconnaissance à l'égard de nos militaires. L'effort de plus de 400 milliards annoncé par le Président de la République pour la période 2024-2030 est proportionné aux périls qui nous menacent. Nos voisins européens, qui sont peut-être plus en retard que nous dans la reconstruction de leur armée, doivent aujourd'hui amorcer des changements plus brutaux. Pour nous, cette hausse s'inscrit dans la continuité d'un travail mené depuis 2017 avec le soutien de presque tous les groupes parlementaires. Elle ne doit toutefois pas occulter des défis multiples et des failles persistantes.
La dissuasion nucléaire ne suffit pas à garantir notre souveraineté : nous devons relever de nombreux défis capacitaires, notamment en termes de stocks. Comment la prochaine LPM nous permettra-t-elle de reconstituer nos stocks et d'accélérer les acquisitions ? Au-delà du chiffre global annoncé par le président, quels moyens seront consacrés annuellement aux stocks de munitions et au matériel ? Nos industriels peuvent-ils à la fois livrer des matériels à nos armées et répondre aux commandes des pays étrangers ?
Le Gouvernement entend renforcer la coopération européenne et bilatérale avec nos voisins en matière de défense. La France peine toujours à concrétiser cet objectif. Nous avons célébré les soixante ans du traité de l'Élysée mais la France et l'Allemagne ont des visions divergentes. Les cinq grands projets d'armement commun, lancés en 2017, n'ont pas eu d'effets très probants. Ainsi, le char du futur est-il bloqué par manque de volonté allemande et en raison de rivalités entre industriels des deux pays, lesquelles sont inacceptables eu égard aux enjeux. Ces questions ne peuvent se régler par des hausses de crédits. Qu'allez-vous faire pour accélérer le pas de la défense européenne et faire aboutir les projets bilatéraux ?
Nos territoires ultramarins sont particulièrement exposés aux conflits, en particulier dans l'océan Indien et dans le Pacifique. Pour rassurer les collectivités et les citoyens ultramarins, il nous faudra des capacités de surveillance renforcées et une plus grande réactivité à l'échelle locale. Le président n'a pas donné de détails sur ce point.