Intervention de Sébastien Lecornu

Réunion du mardi 24 janvier 2023 à 17h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Sébastien Lecornu, ministre :

La définition de la cyberdéfense mérite de figurer dans la LPM, afin de n'y traiter que les sujets qui relèvent du ministère des armées.

Le domaine cyber comprend trois métiers.

Le premier concerne la sécurité au sens large. À l'occasion du débat il faudra distinguer, d'une part, ce qui relève des individus, des entreprises et des collectivités et, d'autre part, ce qui incombe à la puissance publique – en l'occurrence à la police et à la gendarmerie.

Ensuite, des métiers dépendent par nature de la puissance publique – et singulièrement du ministère des armées. C'est le cas de l'attribution des attaques, afin de savoir d'où elles proviennent. Il peut s'agir d'acteurs étatiques ou non-étatiques, et dans ce dernier cas de cybercriminalité ou de cyberterrorisme. Cette capacité d'attribution est essentielle, en temps de paix comme en temps de guerre. Elle constituera l'un des points pour lesquels nous proposerons des efforts dans le cadre de la LPM.

Enfin, il faut être capable d'entraver une attaque en cours et d'y répliquer le cas échéant.

Tout cela entraîne des chantiers. Le premier est d'ordre technologique et pour ainsi dire sans fin, car il s'agit d'innover pour s'adapter aux évolutions des secteurs civils de l'informatique et des télécommunications. Le second, essentiel, concerne la fidélisation des ressources humaines. C'est dans le domaine cyber qu'elle est la plus difficile au sein du ministère des armées. Les jeunes qui y acquièrent une première expérience peuvent aisément la valoriser au bout de quatre ou cinq ans auprès des employeurs privés, qui leur proposent des offres alléchantes. S'agissant de fonctions plus spécifiquement militaires, je souhaite pour des raisons évidentes que l'armée de Terre joue un rôle de leader dans ce domaine de la guerre électronique, avec des régiments qui se spécialisent pour devenir une forme d'infanterie cyber. Le chef d'état-major de l'armée de Terre, sous l'autorité du CEMA, a reçu quelques commandes en ce sens.

La dissuasion nucléaire est plus utile que jamais et elle protège nos intérêts vitaux. Chaque génération de responsables politiques doit prendre les bonnes décisions pour celle qui suit. Au fond, les instruments dont nous disposons aujourd'hui sont issus des financements d'hier et des décisions d'avant-hier. Celles que vous aurez à prendre sur les différents programmes qui concernent la dissuasion nucléaire auront des conséquences bien au-delà de cette législature et de la LPM. La dissuasion mérite toujours une réflexion à long terme. C'est la raison pour laquelle je me réjouis de la décision du président Gassilloud d'organiser un cycle d'auditions consacrées à ce sujet. Cela contribuera à l'élaboration d'une culture stratégique commune et permettra de mieux comprendre à quoi servent les sommes affectées à la dissuasion.

Les enseignements du conflit ukrainien sont nombreux et portent sur les stocks de munitions, la logistique, le renseignement et le cyber. Nous y reviendrons lors de prochaines réunions.

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