Le Président de la République a donné les grandes orientations de la LPM, qui sera dotée de 400 milliards – 413 milliards si l'on prend en compte la revente d'une partie du patrimoine de l'armée.
C'est là une belle somme, il faut le reconnaître. Mais nul n'ignore l'inflation record que nous subissons, en particulier l'explosion du coût des matières premières. Avez-vous pris en compte ce paramètre ? Comment réagir si la situation ne s'améliorait pas ?
Il faut maintenant employer ce budget conséquent, mais est-il employable ? Notre BITD a beaucoup souffert de nos moindres investissements, elle a perdu des contrats à l'étranger ; or il va maintenant falloir qu'elle produise, et en quantité. Êtes-vous sûr qu'elle en sera capable ?
Vous parlez de souveraineté, j'en parle tout aussi volontiers : cela signifie anticiper, penser à long terme, et surtout préserver nos fleurons nationaux. Or le Gouvernement a laissé passer l'entreprise Exxelia, qui fournit de nombreux composants pour nos industriels de défense, dans les mains des Américains. Relocaliser notre industrie, c'est bien ; la relocaliser en France, c'est mieux.
Vous continuerez de vouloir développer des programmes avec d'autres pays. Pourquoi pas, si c'est utile, mais si c'est idéologique il ne faut pas le faire, car ces projets aboutiront tard ou mal – je pense au SCAF ou au MGCS.
Ces crédits doivent aussi servir aux hommes et aux femmes qui servent notre nation. L'actuelle LPM, que nous regardons avec intérêt, a montré certaines réussites et certaines faiblesses – dans cette dernière catégorie, la fidélisation des talents, l'entraînement, la formation, l'hébergement de ceux qui sont prêts à mourir pour la nation. Le matériel le plus performant technologiquement n'est rien s'il n'y a personne pour le faire fonctionner.
Ces 400 milliards sont une chance mais aussi un défi, celui de la souveraineté, de l'attractivité, du souffle patriotique, que vous ne relèverez pas seul : il vous faudra impliquer le Parlement, sans doute davantage que cela a été fait jusqu'à présent. Y êtes-vous prêt ?