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Intervention de Kévin Pfeffer

Réunion du mardi 7 mars 2023 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKévin Pfeffer :

Notre pays n'a plus, depuis longtemps, de vision à long terme sur quelque sujet que ce soit mais votre gouvernement a aggravé cette tendance dans les domaines de la politique énergétique, de l'inflation et des industries stratégiques. Le triste déplacement du président Macron en Afrique a rappelé cette absence de toute vision à long terme en matière de diplomatie. Le président de la République l'a lui-même dit avec fierté à plusieurs reprises, il n'y a plus de politique africaine de la France. Le problème est bien là : alors que la France n'a plus d'ambition et plus de moyens pour développer son action, nous pensons au contraire qu'une politique africaine, gagnante pour tous, peut exister à notre initiative, sans être condescendante ni paternaliste.

Depuis le discours de Ouagadougou en 2017, qui était censé redonner un élan à la politique française en Afrique, l'échec est considérable : arrêt de l'opération Barkhane qui empêche notre armée d'intervenir contre le djihadisme ; expulsion de notre pays du Burkina Faso ; situation difficile au Mali ; échec au Maghreb où nous avons réussi la performance diplomatique d'être en froid à la fois avec l'Algérie et le Maroc, qui a déclaré publiquement que nos relations n'étaient « ni bonnes, ni amicales ». Pendant ce temps-là, la concurrence fait partout rage avec la Chine, la Russie et même d'autres pays européens, qui réussissent mieux que nous en Afrique, preuve que le contexte instable n'est pas la cause de tous nos déboires.

Le traité de défense liant la France à Djibouti arrive à son terme en 2024, ce qui nous laisse peu de temps alors que la Chine y développe une base militaire et vient d'obtenir un accord pour la création de la première base de lancement spatial en Afrique. Le grand discours et le voyage du président Macron avaient pour but de reconstruire une diplomatie africaine en souffrance ; pourtant, j'ai bien peur que nous n'en retenions que le manque de respect voire le mépris affiché envers le président congolais, ainsi que des séquences médiatiques catastrophiques, marquées par certaines attitudes que je qualifierai pudiquement de non présidentielles.

Vous avez dit que les déplacements du président de la République et de la première ministre en Algérie il y a quelques mois visaient à forger des relations de long terme, mais l'échec semble total à court terme : confirmez-vous la fin de la délivrance par l'Algérie de laissez-passer consulaires à la France depuis plus d'un mois ? Quelles initiatives notre pays pendra-t-il pour débloquer la situation, laquelle empêche toute exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ? Je rappelle que le président de la République et M. Darmanin avaient promis un taux d'exécution de ces OQTF de 100 % mais qui croit encore aux engagements qu'ils prennent ?

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