Intervention de Catherine Colonna

Réunion du mardi 7 mars 2023 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Catherine Colonna, ministre :

Il se trouve, en effet, que certains de ses membres permanents usent et abusent de leur droit de veto, la Russie au premier chef, ce qu'ils ne peuvent pas faire, en revanche, au sein du Conseil des droits de l'Homme.

J'en viens à la principale menace, qui est nucléaire. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a pu se rendre à Téhéran à la fin de la semaine dernière, à la suite de certaines démarches. Il a été reçu par les autorités iraniennes, il a eu accès à un certain nombre d'installations et il a recueilli des engagements de la part de l'Iran. Ces engagements sont des promesses : il faudra voir si elles sont rapidement suivies de mesures concrètes et si la transparence est au rendez-vous. Cela seul permettra de sortir de l'escalade dans laquelle l'Iran s'est engagé depuis quelques mois. Nous rappellerons demain à ce pays, à Vienne, où se réunit le Conseil des gouverneurs de l'AIEA, ses obligations car il s'agit d'obligations.

La troisième dimension de la crise est la capacité de déstabilisation de l'Iran. Au-delà des livraisons de drones à la Russie, dont j'ai déjà parlé, la prolifération de missiles et les transferts d'armements en provenance de l'Iran menacent la stabilité de la région. Certains pays du Golfe sont particulièrement exposés à cette menace : les Émirats arabes unis ont ainsi été l'objet d'attaques de missiles. Des menaces pèsent également sur le trafic maritime dans cette zone qui compte beaucoup au niveau international. Deux saisies de dizaines de tonnes d'armement iranien, l'une effectuée par les forces françaises et l'autre par les forces britanniques, ont été rendues publiques ces dernières semaines. Il ne s'agissait pas seulement de kalachnikovs ou de mitraillettes, mais aussi de missiles antichars envoyés par l'Iran aux rebelles Houthis, malgré la trêve informelle qui tient au Yémen depuis plusieurs mois.

Aux différentes menaces qui existent actuellement – je n'en ai évoqué que quelques-unes –, la France doit opposer une ferme détermination, conforme à ses valeurs, c'est-à-dire reposant sur la solidarité. Cela consiste à soutenir nos partenaires les plus directement touchés mais aussi à venir en aide aux populations quand elles en ont besoin.

Vous avez évoqué la tournée qu'a effectuée le président de la République, la semaine dernière, dans plusieurs pays d'Afrique. Le président a apporté son soutien, de façon tout à fait directe et classique, à la stabilité de la République démocratique du Congo et rappelé que nous étions aux côtés de ce pays. Il a fortement plaidé pour la relance des processus de paix : celui de Luanda, peut-être le plus prometteur, et celui de Nairobi, qui a également notre soutien. Nous sommes en contact fréquent avec les dirigeants du Kenya, qui a déployé une force près de Goma. Nous soutenons aussi la mise en place d'un cessez-le-feu. La demande de retrait du M23, mouvement soutenu par le Rwanda, a été au cœur de tous les entretiens du président de la République. La ligne de la France est claire. Elle s'accompagne d'une solidarité : lors de sa visite, le président de la République a annoncé une aide humanitaire de 34 millions d'euros, en complément de l'aide européenne, de 45 ou 47 millions, de mémoire.

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