Il est toujours très difficile d'aborder les sujets qui nous occupent sans tomber dans des débats très passionnés, au cours desquels nous oublions le fond pour nous concentrer sur la forme. Les questions qui sont posées sont justes, car elles relèvent d'un impensé très ancien – impensé qui ne concerne pas d'ailleurs que le nucléaire : il concerne aussi de nombreux autres sujets, comme l'urbanisme ou encore l'agriculture. Nous n'avons pas assez réfléchi aux impacts du changement climatique sur les décisions que nous prenions.
Nous essayons désormais de rattraper les choses, ce qui pose certaines questions. La première d'entre elles est celle de la disponibilité de l'eau pour appliquer les mesures que nous prenons ici : nous nous sommes insuffisamment penchés sur ce point. Il en va de même du refroidissement des réacteurs nucléaires, sachant que nous allons aussi lancer – j'y suis favorable et en ai même été l'une des artisanes – un grand programme de fabrication d'hydrogène. Or, pour fabriquer de l'hydrogène vert ou décarboné, il faut beaucoup d'eau. Tout cela a-t-il été bien envisagé ? Avons-nous cessé de réfléchir en silos pour évaluer d'un point de vue global nos futurs besoins en eau ? Avons-nous bien anticipé comment nous allons partager cette ressource ? Ce sont de vraies questions qu'il n'est pas honteux de poser sur la table. Il est aussi de notre responsabilité d'élus de le faire.
S'agissant de la vulnérabilité des centrales nucléaires au changement climatique, je suis bien placée pour savoir qu'elle est sous-estimée depuis très longtemps. Le rapport produit par RTE met effectivement en lumière ce problème, parmi d'autres – telle est d'ailleurs son utilité.
J'estime que l'examen de ce texte constitue le bon moment pour poser l'ensemble de ces questions, objets de mes trois amendements. Le premier tend à intégrer au rapport visé à cet article la question de la vulnérabilité des sites nucléaires au changement climatique, sujet important que nous devons sans cesse placer sur le devant de la scène. Le deuxième porte sur les coûts de raccordement des nouveaux réacteurs, élément qui, comme d'autres, n'a pas été évoqué, mais qui doit être pensé et prévu. Enfin, le troisième amendement a trait aux coûts de démantèlement de chaque nouveau réacteur. Il s'agit d'un autre point important, la Cour des comptes estimant que certaines dépenses inéluctables provoquées par l'arrêt définitif des installations nucléaires devraient être incluses dans les charges de démantèlement et faire l'objet d'un provisionnement, ce qui n'est pas le cas actuellement. Je fais notamment référence aux opérations préparatoires au démantèlement et aux dépenses dites de période, soit les taxes et primes d'assurance. Au sujet du démantèlement des centrales, je précise que le rapport de RTE indique que l'un des grands impensés de notre politique nucléaire porte sur l'arrêt de l'exploitation de nos réacteurs de seconde génération, dont il va pourtant falloir s'occuper.