Je concentrerai mon exposé sur les finances et sur le budget, que vous avez abordés dans la première partie de votre intervention, monsieur le premier président. S'agissant de la décentralisation, il me semble que nous devrions, dans les années à venir, revenir sur la manière dont elle a été conduite et remettre à plat l'organisation actuelle. C'est un chantier qu'il est absolument nécessaire de mener à bien, peut-être d'ailleurs pour certaines des raisons que vous avez exposées.
Dans son rapport annuel, la Cour des comptes émet de nombreuses inquiétudes. J'en partage un certain nombre : l'inquiétude face à l'inflation élevée – 4,8 % en 2023 – et face aux excès d'optimisme du Gouvernement dans ses prévisions économiques ; l'inquiétude face à la diminution « excessive » et « subie » des effectifs de l'État, 11 763 emplois ayant été supprimés en dix ans, et face à ses conséquences sur la santé de nos services publics en général et sur les services déconcentrés en particulier ; l'inquiétude face aux inégalités de financement de nos collectivités locales et face à la perte d'autonomie de leurs élus ; l'inquiétude face au manque de moyens des départements pour exercer leur rôle vis-à-vis des publics fragiles et face aux difficultés que ces derniers subissent en matière de recours, d'accès aux droits et de délais de traitement – je les constate moi-même tous les jours dans ma circonscription, de même, je suppose, que beaucoup d'entre nous.
Si je partage ces quelques constats, je ne peux pas en dire autant – de manière sereine, monsieur le premier président – des conclusions que la Cour des comptes en tire. Malheureusement, son rapport annuel appelle à régler nos problèmes économiques en usant exactement des mêmes recettes qui nous ont conduits, selon moi, à la situation actuelle, qui reste mauvaise pour le plus grand nombre. Au fond, j'ai l'impression que son analyse s'appuie sur l'idée qu'une fois fermée la parenthèse du covid, nous en aurons terminé avec les nécessités d'un « quoi qu'il en coûte », comme si les crises étaient derrière nous.