L'addiction de nos enfants aux réseaux sociaux est aujourd'hui un problème de société ; les chiffres des différentes études sont clairs. Il est de bonne politique que la représentation nationale se saisisse de ce problème avant qu'il ne devienne un sujet de santé publique, si ce n'est déjà le cas. Les réseaux sociaux présentent pour les plus jeunes un danger d'addiction et de déconnexion du monde réel, et d'exposition à des contenus choquants, sectaires, violents voire pornographiques. Le renforcement de la loi « informatique et libertés » va donc dans le bon sens. Taper au portefeuille – si je puis dire –, vite et fort, est un moyen efficace de contraindre une entreprise à respecter la loi. L'amende prévue par la proposition de loi, dont le montant pourra s'élever à un maximum de 1 % du chiffre d'affaires de l'exercice précédent, est à cet égard fortement dissuasive.
Des réserves doivent cependant être apportées à l'article 2. Notre souci louable et sain de fabriquer une bulle de sécurité autour de nos enfants se heurte à l'essence même du principe de réseau social, qui est par définition transnational et techniquement impossible à circonscrire dans un périmètre franco-français. La loi française ne sait pas contraindre à l'extérieur de ses propres frontières. Il ne faut en général pas plus de deux ou trois minutes aux adolescents pour nous démontrer les mille et une manières de contourner un dispositif.
J'en viens à l'école. Nos enfants ont majoritairement, à partir de la sixième, des adresses de courrier électronique et, partant, des comptes Google : c'est la clé pour accéder aux systèmes d'échange qui régissent leur vie scolaire. Le confinement a d'ailleurs considérablement amplifié ce mode de fonctionnement. Le rôle des parents est crucial dans cet apprentissage technique – que je qualifierais aussi de social – du monde et des usages du numérique ; il relève de leur devoir d'éducation.
Le groupe Rassemblement national votera ce texte qui est intelligent et qui va dans le bon sens. Mais restons lucides et vigilants : l'outil législatif ne fait pas tout. De même que pour les règles de circulation dans la rue, le rôle des familles est plus que jamais primordial dans l'apprentissage des réseaux sociaux.