Madame la secrétaire d'État, les travailleurs sans papiers ne cessent de revendiquer leurs droits à une régularisation générale. Les affaires se suivent et se ressemblent : en janvier, le groupe La Poste était mis en cause pour avoir, au sein de son entreprise de livraison Stuart, embauché illégalement, y compris des clandestins ; dernièrement, l'inspection du travail révélait la présence de nombreux sans-papiers sur les chantiers des Jeux olympiques de Paris. Ne nécessitant pas de cotisations, et sous-payés, ces travailleurs constituent souvent une aubaine pour les employeurs ; exploités, dénués de toute protection sociale, ils exercent les métiers les plus pénibles, les plus dangereux, effectuent des milliers d'heures supplémentaires non rémunérées, en risquant l'expulsion à chaque instant. Leurs conditions de vie sont alarmantes : 118 résidents des foyers de travailleurs migrants de Boulogne-Billancourt se retrouvent ainsi menacés d'expulsion pour avoir fait la grève des loyers afin de dénoncer l'insalubrité de leur logement. De telles situations sont inhumaines et inacceptables !
Votre énième projet de loi consacré à l'immigration prévoit un titre de séjour d'un an pour les intéressés exerçant un métier en tension : cette mesure révèle que vous les considérez comme une main-d'œuvre d'appoint, corvéable à merci aussi longtemps qu'elle peut être utile au marché, congédiable aussitôt que ce n'est plus le cas. Telle n'est pas notre vision de l'humanité.
En vertu des règles que vous imposez depuis des années, les immigrés devront encore et toujours trouver un travail en vue d'obtenir des papiers, sans pouvoir travailler légalement tant qu'ils ne les ont pas. On se croirait dans Les Douze Travaux d'Astérix !
Mes questions seront donc simples : quand régulariserez-vous ces travailleurs, sans distinction ? Quand leur permettrez-vous d'avoir droit à la protection sociale, au salaire minimum, à l'hébergement ? Quand reviendrez-vous au standard de la carte de séjour de dix ans renouvelable ? Quand les accueillerez-vous dignement ?