Intervention de Bertrand Petit

Séance en hémicycle du mercredi 1er mars 2023 à 15h00
Femmes et retraite

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Petit :

Il y a dix jours, le Gouvernement a clos prématurément les débats sur le projet de réforme des retraites sans laisser aux députés la possibilité de débattre des mesures d'âge, alors qu'elles sont porteuses d'injustices profondes pour les Français et les Françaises.

Les femmes, en particulier, porteront l'essentiel du poids de la réforme ; elles s'annoncent déjà comme les perdantes de celle-ci, à rebours des contre-vérités du Gouvernement. Ainsi, l'économiste Michaël Zemmour a estimé qu'environ 60 % des 17,7 milliards d'euros d'économies par an recherchées d'ici 2030 avec cette réforme seraient faites au détriment des femmes. Ce chiffre, non infirmé par la direction de la sécurité sociale lors du contrôle sur pièce et sur place mené par notre collègue Jérôme Guedj, en sa qualité de vice-président de la Mecss – mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale –, est tout simplement inadmissible.

Il l'est encore davantage quand on se remémore les injustices pesant déjà sur les femmes tout au long de leur carrière. Tout d'abord, les carrières courtes concernent davantage les femmes que les hommes : quand les femmes accouchent, nous le savons, elles basculent souvent vers un temps partiel ou se retirent temporairement de la vie professionnelle pour se consacrer à l'éducation de leur enfant. Mécaniquement, les femmes sont plus nombreuses à attendre l'âge d'annulation de la décote pour liquider leurs droits : c'est le cas de 19 % d'entre elles, contre seulement 10 % pour les hommes. Les carrières fractionnées concernent également davantage les femmes. Elles sont enfin plus nombreuses que les hommes à renoncer à leur carrière pour assister un proche en perte d'autonomie.

Les femmes, plus touchées par les carrières courtes, sont ainsi les perdantes de la réforme des retraites qui exige une carrière complète de quarante-trois ans à temps plein pour bénéficier d'une retraite à taux plein.

Le même constat s'impose concernant la retraite à 1 200 euros dont Jérôme Guedj a démontré lors de nos débats la faiblesse du nombre de bénéficiaires. M. Dussopt a ainsi indiqué hier par courrier qu'entre 10 000 et 20 000 personnes supplémentaires en bénéficieraient chaque année,…

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