Intervention de Brahim Ben Ali

Réunion du jeudi 9 février 2023 à 17h30
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Brahim Ben Ali, secrétaire général du syndicat national INV :

Cette concurrence est devenue malsaine depuis l'arrivée d'Uber et sa pratique du low cost, rendue possible par la substitution des VTC aux taxis de grande remise à l'initiative d'Hervé Novelli. Cette entreprise a utilisé des habitants des quartiers populaires, à qui elle a fait croire qu'ils seraient leur propre patron et posséderaient une grosse berline. Or la plupart d'entre eux se trouvent encore endettés aujourd'hui, puisqu'à l'époque Uber demandait la fourniture du véhicule par le chauffeur – qui était nécessairement une grosse berline, type Mercedes –, mais l'entreprise se voulait rassurante en indiquant que l'emprunt serait vite amorti. Quant aux taxis, ils se sont malheureusement retrouvés entre le marteau et l'enclume – entre un gouvernement qui ne voulait pas réguler et une plateforme qui revoyait sans cesse les prix à la baisse. On fait croire qu'on écoute les taxis en permettant leur introduction au sein des plateformes numériques : c'est faux.

Ce ne sont pas les VTC qui ternissent l'image d'Uber mais Uber qui ternit sa propre image en ne vérifiant pas le profil de ses chauffeurs. Si l'article 2 de la loi Grandguillaume était réellement appliqué, nous connaîtrions précisément le nombre de chauffeurs en exercice. J'ai récemment dénoncé, sur RMC, l'existence d'un réseau de 8 000 faux chauffeurs munis de cartes professionnelles travaillant chez Uber. Le responsable de ce trafic nous a envoyés bouler, les journalistes et moi, comme des pauvres clowns : il n'aura aucun mal à reconstruire son réseau démantelé. Comment est-ce possible ? On ne fait rien contre cette pratique alors que je risque ma vie tous les jours, en tant que syndicaliste ! On laisse une plateforme utiliser des pauvres malheureux, ces faux chauffeurs qui risquent d'être condamnés par la justice pour exercice illégal de la profession de taxi ! Dans le même temps, certains vrais chauffeurs ne veulent plus être VTC et souhaitent devenir taxis, pour bénéficier d'une réelle indépendance et d'une meilleure rentabilité ; d'autres aimeraient s'accrocher mais sont contraints d'arrêter, endettés jusqu'au cou.

Il faut dire clairement les choses : certains faux chauffeurs ont un casier judiciaire bien rempli, des usagers se font agresser verbalement et physiquement, des femmes se font violer. Uber a banalisé ces violences et traité les victimes de viol de menteuses, jusqu'à ce qu'arrive le mouvement #UberCestOver. Pendant ce temps, de pauvres chauffeurs VTC subissent des amalgames, pour la seule raison que le Gouvernement ne veut pas réguler. La concurrence entre taxis et VTC est donc bien malsaine.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion