Le 10 novembre 2022, le président du conseil départemental de l'Yonne annonçait la fermeture du collège de Bléneau à la fin de cette année scolaire. Il justifiait cette décision par l'état du collège, nécessitant selon lui 6 millions d'euros de travaux et deux ans de fermeture. Je lui ai écrit le 3 janvier afin de lui demander les éléments sur lesquels se fonde ce chiffrage – courrier resté sans réponse.
Lors d'une visite du collège de Bléneau, le conseil départemental a explicité son estimation, affirmant que le coût standard de rénovation d'un établissement s'élève à 2 000 euros le mètre carré. Dans la mesure où la superficie du collège est de 3 000 mètres carrés, le total s'élève effectivement à 6 millions d'euros. Cela étant, avez-vous déjà entrepris des travaux de rénovation chez vous ? Avec une estimation de 2 000 euros le mètre carré, je crois qu'on se moque du contribuable !
Il est vrai que le conseil départemental n'a effectué aucun investissement ou presque à Bléneau depuis dix ans, voire plus. On a laissé le collège se dégrader, année après année. Cependant, les travaux à réaliser ne représentent que 1,2 million d'euros, loin des 6 millions annoncés. Les travaux pourraient d'ailleurs être effectués classe par classe, pendant les vacances scolaires.
Face à ces éléments, le conseil départemental a avancé d'autres arguments, tels que le petit nombre d'élèves et l'intérêt des enfants.
Selon le rectorat de Dijon, la baisse démographique dans l'Yonne oblige à fermer plusieurs collèges. Or Bléneau accueille 130 collégiens, chiffre stable depuis plus de vingt ans. De plus, les classes comptent plus de vingt-quatre élèves, ce qui est la moyenne nationale.
Surtout, quel peut bien être l'intérêt des enfants, qui devront changer de collège et prendre le car tôt le matin et rentrer plus tard le soir ? Souhaite-t-on que les élèves de la campagne subissent bien inutilement le même stress que ceux de la ville ?
Le coût de destruction du collège a été estimé à 600 000 euros et celui des transports supplémentaires en car à plus de 300 000 euros par an. Ainsi, la rénovation du collège serait vite amortie. J'insiste, pourquoi détruire un collège fonctionnel, qui peut être remis en état pour moins de 1,5 million d'euros ? Le conseil départemental évoque une réflexion menée depuis plus de cinq ans. Peut-être ! Mais sans qu'aucun échange n'ait eu lieu avec les Blénaviennes et les Blénaviens !
Le bilan humain, social, économique et environnemental d'une telle décision me paraît complètement négatif : enfants arrachés à leur collège à taille humaine ; plus grande fatigue en raison des horaires allongés et des trajets en car ; cars plus nombreux sur les routes étroites de la Puisaye ; destruction d'un bâtiment dont la structure est de très bonne qualité et qui ne nécessite que des investissements d'entretien ; gymnase et piscine privés de leurs usagers ; impact sur les collégiens de certaines communes limitrophes du Loiret scolarisés à Bléneau – imaginez la pagaille, car le collège reçoit en effet des élèves relevant de deux académies différentes – ; et surtout mort annoncée de la commune, déjà fragilisée.
Car, vous le savez bien, madame la secrétaire d'État, la fermeture d'un collège signe l'arrêt de mort d'un village. Les commerçants en ont bien conscience : ils ont manifesté avec les parents. Je le répète : quand il n'y a plus de collège ni de familles, les commerces et les artisans disparaissent un à un. Sans enfants, un village cesse de vivre !