Intervention de Laurent Nuñez

Réunion du jeudi 26 janvier 2023 à 9h35
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l'administration pénitentiaire et de l'appareil judiciaire ayant conduit à l'assassinat d'un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d'arles

Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, ancien coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme :

Je vous ai dit le contraire. Tout notre travail consiste à essayer d'identifier ceux qui sont susceptibles de passer à l'acte. Les services de renseignement passent beaucoup de temps à les suivre.

Vous pensez qu'on va régler le problème en considérant qu'ils sont tous des terroristes. Mais alors je ne sais pas quelles mesures on pourrait prendre… Je vous rappelle qu'il y a des garanties constitutionnelles, sur lesquelles veille le Conseil constitutionnel. Je rappelle également à ce titre que le Gouvernement avait proposé l'allongement des Micas des sortants de prison condamnés pour des faits de terrorisme, mais ces dispositions ont été censurées par le Conseil constitutionnel.

Ces personnes restent des objectifs de renseignement, nous les suivons bien évidemment. Penser que nous sommes des idéologues et des utopistes est insensé…

Encore une fois, ce que vous dites revient à considérer que le moindre individu dont un tweet menaçant est transmis à Pharos va passer à l'acte, ou qu'une personne condamnée pour des faits de terrorisme va forcément récidiver lorsqu'elle sortira de prison. Dans la vraie vie, c'est un peu plus compliqué que cela.

J'ai l'honneur et la fierté d'avoir dirigé les services de renseignement français qui ont permis d'éviter des attentats. Le Président de la République a mis en place des dispositifs qui n'existaient pas avant 2017. C'est ainsi que l'on déjoue les attentats. On peut essayer de faire croire n'importe quoi aux gens, mais la réalité est bien plus complexe que ce que vous dites.

Dans d'autres fonctions, j'ai eu à répondre à de nombreuses reprises à des questions du même genre, formulées par des gens qui considéraient que la radicalisation religieuse était synonyme de menaces terroristes. Quand un pays en arrive là, c'est très grave pour le vivre-ensemble.

Mon travail – et c'est un honneur et une fierté – consiste à détecter des gens susceptibles de passer à l'acte terroriste. On a souvent réussi, on a parfois échoué. Il ne faut pas faire croire qu'on peut toujours réussir, c'est complètement illusoire. Ce n'est pas de l'utopie ou de l'idéologie : nous sommes dans l'efficacité et l'action. Il ne faut pas tomber dans la stigmatisation, comme je crois que vous le faites, monsieur le député.

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