J'aimerais d'abord préciser, pour que les choses soient claires, que tous les TIS, pour nous, sont en haut du spectre. J'aurais pu utiliser cette expression pour chacun d'entre eux – on en comptait entre 400 et 500 lorsque j'étais directeur général de la sécurité intérieure puis CNRLT. Nous les considérons tous comme potentiellement dangereux, dans la mesure où ils ont déjà commis des faits de terrorisme. Aucun chef de service de renseignement ne vous dira le contraire : tout condamné pour des faits de terrorisme graves – je ne parle pas d'apologie du terrorisme – est systématiquement classé en haut du spectre.
S'agissant de la gestion du parcours judiciaire et carcéral d'Elong Abé, elle ne relève pas de mon domaine de compétences. Je n'ai pas eu connaissance d'informations d'ordre opérationnel. Toutefois, pour avoir lu de nombreuses fiches relatives aux détenus de cette nature, je sais que ces documents retracent tous leurs « faits d'armes », lesquels, nous y veillons particulièrement, sont transmis au SNRP dès le début de la détention.
N'ayant pas connaissance, dans mes fonctions de CNRLT, du fond des fiches mais étant chargé des processus, j'ai eu des contacts avec la cheffe du SNRP de l'époque. Je lui ai demandé si les processus d'échanges d'informations fonctionnaient bien. Mais s'agissant d'un détenu comme M. Elong Abé, il est évident que le SNRP dispose de tout son pedigree, à la fois de combattant et de détenu. À cet égard, il était connu pour plusieurs faits, notamment une séquestration et plusieurs rébellions.
Je vous confirme que les échanges d'informations ont bien lieu. Ont-ils eu lieu dans le cas d'espèce ? Logiquement oui, obligatoirement oui, dès lors que les fiches d'information sont bâties à cette fin. Le SNRP a l'information sur les individus qui arrivent en détention. Tel n'a pas toujours été le cas par le passé, mais ça l'est depuis que nous avons créé le SNRP et qu'il fonctionne.
Sur les deux dernières années de sa détention à Arles, j'ai peu d'informations. Je n'ai pas connaissance des relations que vous venez d'évoquer. Le sentiment prévalait qu'il provoquait moins d'incidents à Arles qu'ailleurs, ce qui ne signifie pas qu'il sort du haut du spectre et ne justifie pas un suivi. Quoi qu'il en soit, l'échange d'informations est total et complet dès l'entrée en détention. Le renseignement pénitentiaire a toutes les informations sur le parcours de l'individu. Ensuite, le renseignement pénitentiaire prend le relais et alimente les autres services sur le comportement de celui-ci.