J'aimerais vous rappeler un grand principe établi par le Conseil constitutionnel concernant la loi : c'est l'importance de sa clarté. Le moins que l'on puisse dire à la lecture de votre article 2, c'est qu'il est tellement flou qu'il y a forcément un loup, selon la formule consacrée !
Monsieur le ministre, chers collègues de la majorité, votre index est tout sauf clair : vous visez les salariés âgés sans préciser ce que vous entendez par « âgés ». Madame la rapporteure générale, en commission, vous vous êtes opposée à toutes les propositions de rédaction plus précises et chiffrées, estimant que la notion de salarié âgé pouvait varier d'une entreprise à l'autre.
Une fois de plus, cela illustre votre déconnexion avec le monde des ouvriers, des salariés, de ceux qui peinent. Allez donc demander à des serveurs si, passé 55 ans, ils ne ressentent pas déjà le poids d'une vie de travail ; allez demander à des ouvriers du bâtiment et des travaux publics (BTP) qui utilisent un marteau-piqueur si, à 55 ans, ils ne savent pas ce que c'est que de peiner à se maintenir dans l'emploi ou d'en retrouver un. Il est vrai que, pour ces ouvriers, vous avez poussé le mépris de classe jusqu'à supprimer des critères de pénibilité.