Monsieur le ministre, je vous remercie d'avoir clairement indiqué tout à l'heure que, puisque 2 % seulement des AESH travaillent à temps complet, 98 % d'entre eux ne bénéficieront pas d'une retraite à 1 200 euros. Merci de cette précision.
Je voulais aussi vous faire part de la réalité sociale de ma circonscription – qui intéressera peut-être M. Woerth. Dans ce territoire industriel, les femmes travaillent souvent à l'usine – notamment comme trieuses de verre, dans la vallée de la Bresle, dans l'agroalimentaire, dans les environs de Dieppe, ou dans la décoration de flacons de parfum –, par quart, dans des métiers pénibles, à cause des postures demandées et de la charge de travail.
Arrivées à un certain âge, ces femmes occupant des emplois précaires s'aperçoivent souvent que leur corps ne suivra pas – alors qu'elles sont courageuses ; il faudrait que vous les rencontriez. Puisqu'il faut bien faire bouillir la marmite, elles se rabattent généralement sur les métiers du lien – ceux d'aide à domicile ou d'agent horaire dans les collectivités locales ou la fonction publique hospitalière –, d'autant plus facilement que, depuis que vous avez cassé le statut de fonctionnaire, les différentes fonctions publiques – y compris territoriale – se précarisent de plus en plus, avec de plus en plus d'agents travaillant à temps partiel avec un contrat précaire.
Lorsqu'elles exercent les métiers d'aide à domicile ou d'Atsem – agent territorial spécialisé des écoles maternelles – ou d'agent de service – c'est-à-dire de femme de ménages –, c'est à temps partiel, avec des horaires modulables. Nous disons donc depuis le début que les premières victimes de votre mauvaise réforme seront les femmes, qui seront doublement pénalisées. Lorsque nous exprimons notre colère face à la violence sociale de cette réforme, c'est aussi en pensant aux visages de ces femmes.