La distribution de 200 millions de vaccins contre le covid par Santé publique France n'était que la première étape : l'important était ensuite d'ouvrir des centres de vaccination au plus près de la population.
La santé environnementale fait partie des enjeux de la santé publique. Selon l'OMS, l'environnement d'aujourd'hui est la santé de demain. La crise du covid a révélé le risque de transmission entre la faune sauvage et l'humain. Pour nous préparer aux futures épidémies, nous devons mesurer tous les facteurs qui peuvent influer sur la santé des populations afin de comprendre leurs interactions. Santé publique France mène pour cela diverses enquêtes – PestiRiv mesure ainsi l'exposition des riverains et des non-riverains des zones viticoles – en partenariat avec l'Anses, dont la collaboration est essentielle. Les cohortes visent à collecter des informations et des prélèvements biologiques qui nous permettront de découvrir s'il existe des déterminants affectant la santé. La santé environnementale est primordiale.
Il est difficile de faire le tri parmi toutes les informations auxquelles nous sommes exposés. Il est donc important que l'agence mette à disposition des publications décryptables par toutes les populations afin de lutter contre la désinformation propagée par les influenceurs.
Santé publique France joue un rôle en matière de santé des travailleurs. Elle doit publier les résultats des enquêtes menées dans le cadre de notre système de surveillance. En outre, l'agence a lancé, en 2022, la plateforme « Les employeurs pour la santé » qui rassemble toute une série d'outils.
Santé publique France intervient en appui des ARS. Il me paraît très important que des épidémiologistes soient présents au sein des cellules régionales des ARS car il y a des spécificités territoriales – chlordécone aux Antilles, plomb en Guyane, cancers pédiatriques. Toutefois, les cellules régionales ne peuvent pas tout faire en matière de prévention. Santé publique France peut apporter des outils au niveau régional, comme le registre. Il faut aussi laisser la place à des initiatives locales pour favoriser des innovations en matière de santé.
Le stock stratégique de Santé publique France n'a pas vocation à pallier toutes les pénuries de médicaments ; ce ne serait pas pertinent car cela représenterait un nombre de palettes inimaginable. La pénurie d'amoxicilline touche l'ensemble des pays. Le sujet est traité au niveau européen et des actions sont menées au niveau national pour contingenter, augmenter la production et favoriser le bon usage des médicaments.
S'agissant des effectifs, on ne pourra pas surveiller la santé de 67 millions de personnes avec seulement 700 agents. Une de mes priorités est le partenariat avec les autres agences et institutions. J'aimerais obtenir des moyens supplémentaires mais je sais qu'ils sont limités pour tout le monde. Il s'agira de prioriser les actions pour ne pas mettre en danger les collaborateurs de Santé publique France. Au sortir de trois ans de crise du covid, il faut les sécuriser.
Le vaccin contre le papillomavirus, acteur clef pour l'élimination du cancer du col de l'utérus, est très efficace contre de nombreuses maladies et ne présente pas de risques de sécurité. Il faut surmonter la réticence à la vaccination existant en France grâce au dialogue, à la transparence et à la publication régulière de rapports de sécurité sur les vaccins. C'est ce que nous avons fait lors de l'instauration de l'obligation vaccinale du nourrisson, qui est un succès.
Enfin, l'état de santé des personnes handicapées est un sujet très important. Je prends note de votre question sur l'adaptation des politiques de santé aux personnes en situation de handicap pour être certaine de m'y atteler quand je serai nommée à la direction de Santé publique France.