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Intervention de Benjamin Lucas-Lundy

Réunion du mercredi 1er février 2023 à 15h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenjamin Lucas-Lundy :

Pour contribuer à l'apaisement de ce débat, je vais m'efforcer, à la différence de notre collègue du Rassemblement national, de ne pas brasser du vent. Notre pays est plus riche que jamais. Lorsque François Mitterrand a fait passer l'âge de la retraite à 60 ans, en 1982, le PIB français était de 588 milliards d'euros. En 2021, il est de 2 500 milliards, soit plus de quatre fois plus. On peut donc se demander assez légitimement où est passé cet argent. Il est dans les poches des plus riches et engendre des inégalités qui se perpétuent notamment par l'héritage. En effet, que vous le vouliez ou non, l'accumulation des richesses par quelques-uns, malgré votre théorie du ruissellement, est la source des inégalités et de l'extrême pauvreté. De fait, la part des 1 % les plus riches dans le patrimoine total est ainsi passée de 15 % à 25 % entre 1988 et 2015, tandis que la fortune héritée en représente désormais 60 %, contre 35 % au début des années 1970. En dépit de votre discours sur le mérite et la méritocratie, ceux qui auraient selon vous, accumulé à la sueur de leur front et en auraient quelque mérite ont sué, en réalité, pour aller chercher leur héritage, pas en travaillant.

Il y a donc de la richesse pour financer nos retraites, et il suffit d'aller la chercher là où elle est, au lieu d'imposer aux Français le sacrifice de deux années supplémentaires de travail. Nous croyons en effet qu'il faut valoriser le travail, l'effort et le mérite, et permettre à ceux qui ont travaillé toute leur vie de bénéficier d'un temps libéré, du temps légitime du repos à la retraite.

Notre amendement AS7013 vise donc à financer la Cnav au moyen d'une cotisation qui s'apparente, je le répète, à une simple piqûre de moustique : 5 % pour les héritages de plus de 4,2 millions d'euros et 10 % pour les héritages de plus de 13 millions, sachant que cela concerne à peine une personne sur cent en France. C'est une mesure très raisonnable et, si j'ose dire, très modérée.

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