On parle de méritocratie, mais les 5 % les plus riches ont une espérance de vie de treize ans supérieure aux 5 % les plus pauvres : quand on décale l'âge de départ à la retraite, on réduit donc mécaniquement l'espérance de vie en retraite des plus pauvres. Si l'on considère maintenant les 40 % d'hommes les plus pauvres, un report à 64 ans de l'âge de départ ferait augmenter de 2 % le nombre d'hommes n'atteignant pas l'âge de la retraite, de 4 % celui des hommes ayant une retraite inférieure à cinq ans et de 10 % celui des hommes ayant une retraite inférieure à dix ans.
Les retraites chapeaux ne concernent certes pas grand monde, mais elles bénéficient aux hommes du haut du panier qui s'affranchissent du bien commun. Les politiques publiques leur accordent, tout au long de leur vie, les plus grandes largesses et leur permettent de voir leurs retraites chapeaux échapper à la taxation. Au-delà des questions de financement, nos amendements visent à restaurer la justice et à imposer une norme qui s'applique à tous de façon égalitaire. C'est une condition de la cohésion sociale. Il y a là une question philosophique : quel degré d'inégalité sommes-nous prêts à accepter dans notre société ? L'acceptation des inégalités est bien moindre de notre côté que du vôtre.