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Intervention de Charlotte Leduc

Réunion du mercredi 1er février 2023 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharlotte Leduc :

Pour résumer votre position, vous refusez de faire contribuer les revenus du capital, les plus riches, les hauts salaires, de réorienter les fonds alloués à la Cades vers le financement des retraites, et de mettre à contribution les retraites chapeaux des PDG des multinationales. Avec vous, c'est toujours non pour trouver des modes de financement alternatifs afin de financer notre régime de retraite ; mais voler deux ans de vie aux Françaises et aux Français, là, c'est un grand oui. Est-ce là votre conception d'une réforme juste ? Vous avez choisi ici entre ceux qui réussissent et « ceux qui ne sont rien », pour citer les mots du Président de la République en 2017.

Comme le rappelaient mes collègues, le taux de cotisation appliqué aux retraites chapeaux les plus importantes est aujourd'hui de 21 %, ce qui est inférieur au taux de cotisation appliqué aux salaires. Alors, pourquoi refuser que ces cadeaux financés par les entreprises au détriment des salaires, de l'emploi et de l'investissement contribuent davantage au financement de la solidarité intergénérationnelle ?

La vraie question posée par ce texte, c'est la répartition de la richesse créée : la production par tête a été multipliée par neuf depuis les années 1970, mais reste à savoir quoi faire de ce formidable enrichissement du pays. Nous pouvons laisser la richesse s'accumuler entre quelques mains en laissant les entreprises distribuer de généreuses retraites chapeaux à leurs dirigeants, pendant que 99 % de la population continuent de se tuer à la tâche. Néanmoins, une autre voie est possible en finançant, grâce au formidable accroissement de la valeur produite durant ces quarante dernières années, une réduction du temps de travail à l'échelle quotidienne, hebdomadaire, annuelle et de la vie tout entière. Mais, pour vous, il est hors de question de répartir les richesses, les plus modestes n'ont qu'à bosser deux ans de plus. Comment pouvez-vous justifier un tel dogmatisme ? Allez-vous réellement expliquer aux accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH), aux caissières et aux aides-soignantes qu'ils travailleront deux ans de plus pour que Bernard Arnault ou Xavier Niel puissent toucher leur retraite chapeau ?

Comment vous étonner ensuite du rejet votre réforme – un rejet qui a progressé de 13 points depuis la présentation de celle-ci – et de la mobilisation d'hier, qui a rassemblé 3 millions de personnes dans la rue ?

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