Il ne peut pas exister de méritocratie individuelle ; aucun individu ne peut être « méritant » sans accès à des services publics, à l'école publique, à des hôpitaux publics, sans des investissements qui permettent de donner des droits à chacun. C'est indispensable pour assurer une égalité de réussite. L'autre branche de l'alternative, c'est de se reposer sur un capital social acquis de nos parents et des générations précédentes.
Et c'est bien de cela qu'il s'agit ici : vous favorisez ceux qui ont des métiers plus faciles, des métiers que l'on peut exercer jusqu'à 64 ans, au détriment de ceux qui n'ont pas bénéficié d'un ascenseur social que vous vous employez à détruire progressivement, en diminuant les investissements dans les services publics.
Au fond, vous voulez reléguer ceux qui n'ont pas les moyens matériels, physiques et moraux de tenir jusqu'à 64 ans. La socialisation du revenu, et plus généralement du risque, dans notre société, sert précisément à assurer à chacun les mêmes droits, quelle que soit sa situation. C'est cela, la méritocratie : avoir les mêmes droits, quelle que soit notre situation.