On parle beaucoup du Conseil national de la Résistance et de 1945. Je suis un gaulliste social, mais j'estime qu'il faut s'adapter : nous sommes en 2023 et la question est de savoir comment financer notre protection sociale, dont les retraites, dès lors que l'on admet que ce financement est adossé au travail. Comment notre société peut-elle, à partir du travail, générer les cotisations dont nous avons besoin ? Or le travail, c'est nécessairement l'entreprise : c'est elle qui fait l'économie, c'est l'entrepreneur qui crée de la valeur, c'est l'entreprise aussi qui fait le social. Il faut des choix politiques pour créer des emplois et être compétitifs, ou l'on éludera le débat en s'accrochant à de vieilles lunes.
Il aurait fallu que la France s'interroge sur son modèle économique et social et sur la valeur du travail avant de faire des retraites un sujet d'actualité politique. On nous a mis dans une impasse. Maintenant que nous y sommes, peut-être faudrait-il admettre que la France doit travailler plus – en donnant plus de travail à certains, c'est-à-dire en faisant augmenter le taux d'emploi, mais peut-être aussi en travaillant mieux. Ne faudrait-il pas envisager de revenir sur les 35 heures ? Peut-être les Français accepteraient-ils de travailler deux heures de plus par semaine pour éviter de travailler deux ans de plus à la fin de leur carrière.
De tels débats sont empêchés par l'irrecevabilité de certains amendements. Mais, de grâce, prenons la France telle qu'elle est en 2023 au lieu – et c'est un gaulliste qui vous le dit – d'en rester à ce qu'elle était en 1945.