Cette réforme nauséabonde ne se résume pas, nous répète-t-on, à l'index seniors : elle comprend aussi une obligation de négociation au sein des entreprises sur l'emploi des seniors.
Ce sujet est déjà à l'ordre du jour des négociations sur la gestion des emplois et des parcours professionnels, et cela n'empêche pas les entreprises de continuer à pratiquer la discrimination à l'égard des plus âgés. Comment expliquer, sinon, que 89 % des seniors ressentent l'âge comme un facteur discriminant ?
Depuis le début de notre discussion, peu d'efforts ont été faits pour se mettre à la place des seniors. Savez-vous ce que c'est d'avoir passé quarante ans à construire sa carrière, à avoir acquis des compétences, à maîtriser son outil de travail, pour finalement avoir le sentiment d'être un salarié jetable, inutile pour l'entreprise à laquelle vous avez consacré une grande partie de votre temps ? Savez-vous ce que c'est d'avoir subi une tendinite, une maladie respiratoire ou un burn-out et de devoir revenir à la case départ jusqu'à la retraite ?
Écrire une ligne supplémentaire dans le code du travail et demander poliment aux entreprises de publier un questionnaire, c'est manquer cruellement d'ambition pour obtenir que les seniors soient enfin respectés. C'est parce que les entreprises n'ont aucun intérêt financier à garder les seniors que nous devons passer à la vitesse supérieure en conditionnant les milliards d'euros d'exonérations de cotisations à la conclusion d'un accord sur l'emploi des seniors. L'État doit cesser de signer des chèques en blanc.