En matière de superprofits, tout a été dit : qu'ils n'existent pas, qu'ils existent sans doute mais que l'on ne sait pas les évaluer, qu'ils existent certainement mais que l'échelon national n'est pas le bon, car il mettrait en péril nos pépites industrielles françaises, pépites qui, pour certaines, je le rappelle, ne paient pas d'impôts en France ! Entre-temps, lors de la mission flash, aucun des chefs d'entreprise auditionnés n'a nié l'existence de superprofits tant les chiffres qui étaient portés à notre connaissance au fur et à mesure des auditions ne pouvaient être contredits. Bénéfices, dividendes, je vous fais grâce de la liste à la Prévert : les chiffres que nous avons entendus sont vertigineux, et les meilleurs résultats fiscaux de 2022 sont l'illustration parfaite de l'existence de ces superprofits.
Pour couronner le tout, nous a été communiquée, non par le Gouvernement mais par des chercheurs, l'information selon laquelle les entreprises, principalement celles du CAC 40, ont bénéficié de 156 milliards d'aide publique sans contrepartie ; bref, économie libérale pour les profits, économie administrée pour les pertes et les aides.
Le même qui, hier, ne savait pas ce qu'étaient les superprofits, nous explique aujourd'hui : « Nous passerons au peigne fin toutes les dépenses publiques, État, collectivités sociales et champ social... » – dans le champ social, manifestement, cela a déjà commencé – « C'est l'objet de la revue de dépenses que nous engagerons dans les prochains jours, sous l'autorité de la Première ministre. » Nous suggérons donc à M. Le Maire une revue des recettes ciblées et juste, qui mettra fin aux exonérations aux cotisations sociales, à la flat tax et qui ira effectivement vers une taxation des superprofits.
Alors que les Français subissent depuis des mois les conséquences d'une crise de la vie chère à laquelle s'ajoute un projet de réforme des retraites injustes et davantage rejeté par la majorité d'entre eux, au fur et à mesure que le Gouvernement fait de la « pédagogie », il est temps, au nom de la justice sociale et de la solidarité nationale, de faire contribuer l'ensemble des surprofiteurs de crise. Nous voterons, bien évidemment, ce texte.