S'agissant des prévisions et du chiffrage du déficit du système de retraite selon l'hypothèse retenue pour le taux de chômage, nous ne sommes pas une instance de prévision : il s'agit là du rôle du COR.
Comme je l'ai déjà dit, je ne permettrais jamais de parler d'irresponsabilité parlementaire, mais je souhaite redire qu'une loi de programmation n'est pas optionnelle : elle est obligatoire et son absence est un problème grave pour le pays. Respectueux des députés et des sénateurs, il me semble toutefois que vous devez aboutir à un résultat.
Vous m'interrogez sur les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires : nous avons en France quelques paradoxes qui doivent tous nous frapper. Nous avons le niveau de dépenses publiques le plus élevé de l'Union européenne, 58 %, nous sommes un des pays qui a le niveau de prélèvements obligatoires le plus élevé, au-dessus de 44 %, mais nous n'avons pas pour autant des services publics qui donnent une totale satisfaction, autant dans la perception que dans la réalité – notamment le logement et l'éducation nationale, avec des dépenses élevées et des performances plutôt faibles.
Nous ne pouvons vivre durablement dans cette situation hautement insatisfaisante. Or nous connaissons les solutions : l'élévation du niveau de croissance potentielle à travers des politiques d'investissement intelligemment ciblées et la maîtrise de la dépense. J'utilise le mot de maîtrise plutôt que celui de baisse, car c'est la qualité de la dépense qui est en cause. Que ce soit dans l'éducation ou la santé, il y a sans doute à la fois des dépenses supplémentaires à consentir et des économies à faire. Nous devons être capables, dans ce pays, de soulever le capot, d'analyser ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas au sein des politiques publiques. C'est pourquoi j'appelle depuis des années, déjà comme commissaire européen, à des revues de dépenses publiques annuelles et sérieuses. Nous avons échoué dans les divers exercices précédents. Autrement, nous risquons d'engendrer un mécontentement général face à la gestion des dépenses. Les investissements soutenant la croissance potentielle vont de pair avec des modifications intelligentes et modernes des politiques publiques. C'est une question économique, financière, sociale, politique et démocratique et c'est pourquoi nous avons besoin d'une loi de programmation des finances publiques, synonyme de transparence des débats publics, lesquels ont besoin de maturité.
Concernant la stagflation, la plupart des économistes estiment que l'inflation devrait être temporaire et nous devrions donc sortir d'une situation de stagflation, même si l'atterrissage reste incertain.
Enfin, monsieur Maudet tous les citoyens doivent contribuer à la hauteur de leurs revenus, et j'ajoute que j'ai nettement dépassé l'âge de départ la retraite.